L'écrasante victoire du non au référendum sur l'accord Icesave a mis sous pression le gouvernement de Reykjavik pour renégocier avec le Royaume-Uni et les Pays-Bas le remboursement de la dette de la banque, dont les Islandais refusent de payer la facture.
"Le référendum passé, il est de notre devoir de trouver une issue aux négociations", a déclaré la chef du gouvernement de coalition de gauche, Johanna Sigurdardottir, après le verdict sans appel du scrutin de samedi.
Reykjavik a assuré qu'il allait "continuer dans les prochains jours ses efforts déterminés pour trouver une solution satisfaisante" avec Londres et La Haye.
Le non l'a emporté avec 93,2% des suffrages, contre seulement 1,8% pour le oui, selon les résultats définitifs, pour une participation finale de 62,7%.
Ce résultat "est un message tellement fort que le gouvernement ne peut pas rester sur les mêmes bases de négociation" entamées avec les gouvernements britannique et néerlandais, estime Olafur Isleifsson, professeur d'écononomie à l'Université de Reykjavik.
Quelque 230.000 Islandais ont été appelés samedi à se prononcer sur un accord organisant le remboursement par Reykjavik de 3,9 milliards d'euros avancés par Londres et La Haye pour indemniser leurs citoyens lésés par la faillite de la banque sur l'internet islandaise Icesave en octobre 2008.
La perspective d'un non, jugé difficilement évitable dès la convocation du référendum début janvier, a poussé Reykjavik à tenter ces dernières semaines -jusque-là en vain- de trouver un nouvel accord avec Britanniques et Néerlandais.
Au cours des négociations, les Islandais ont paradoxalement reçu une offre améliorée mais ils l'ont déclinée sous la pression des partis d'opposition.
Le ministre britannique des Finances, Alistair Darling, s'est déclaré dimanche prêt "à être flexible" dans les négociations. La Haye a dit rester "impliqué dans la recherche d'une solution", tout en se disant "déçu" que l'accord Icesave ne soit pas encore entré en vigueur.
A Bruxelles, la Commission a assuré que les négociations d'adhésion de l'Islande et le règlement de l'affaire Icesave étaient "deux processus séparés".
Mais désormais le temps presse, souligne Olafur Stethenssen, rédacteur en chef du quotidien islandais Frettabladid.
"Il faut garder à l'esprit que le temps, c'est de l'argent. Les retards peuvent coûter très cher à l'Islande et il va falloir (un accord) dans les semaines qui viennent", dit-il.
Le président islandais Olafur Grimsson, instigateur du référendum, a appelé dimanche le Premier ministre britannique Gordon Brown à "l'initiative" pour sortir de l'impasse, tandis que le ministre des Finances Steingrimur Sigfusson a souligné la nécessité de régler le dossier Icesave avant les élections britanniques et néerlandaises prévues en mai et juin.
Après avoir immédiatement reconnu sa défaite, le gouvernement islandais s'est efforcé de minimiser la signification du scrutin en soulignant que le oui n'était plus une alternative crédible du fait des nouvelles négociations.
"Il est assez surprenant de constater le nombre de personnes qui ont en réalité voté oui", a ironisé M. Sigfusson, qui s'est abstenu de voter, tout comme la Première ministre Johanna Sigurdardottir.
Le ministre des Finances, qui apparaît le plus exposé aux conséquences politiques du non, a assuré dimanche qu'il ne démissionnerait pas mais dit y avoir songé au moment du veto présidentiel en janvier.
"Je suis convaincu que ce gouvernement est le meilleur que peut avoir l'Islande", a-t-il lancé aux journalistes.
"Le gouvernement ne tient qu'à un fil", estime néanmoins Eirikur Bergmann Einarsson, professeur de sciences politiques à l'université de Bifrost.