Grâce à des taux d'intérêt au plus bas depuis 1945, de plus en plus de ménages renégocient leurs prêts immobiliers pour réduire le montant de leurs mensualités, le coût total ou encore la durée de leur crédit.
En septembre et octobre, le courtier en crédit immobilier Meilleurtaux.com, filiale du groupe bancaire BPCE, a croulé sous les demandes de réaménagement ou de rééchelonnement de crédits.
Près d'un tiers (30%) des dossiers de demandes de crédit en octobre portaient sur cette problématique, soit "près de cinq fois plus que ce que nous constations un an plus tôt", souligne son patron Christian Camus.
Au premier semestre 2010, Meilleurtaux.com a reçu en moyenne 3.000 dossiers de demande de renégociation, contre 2.000 sur l'année 2009.
"C'est une tendance générale", soutenue par la conjoncture économique, résume l'économiste Michel Mouillart, spécialiste du logement et enseignant à l'université Parix X Nanterre. Il évoque "une fenêtre de tir à saisir au vu des taux de crédit qui sont très bas".
Deux ans après la crise, le coût du crédit a fortement baissé en raison du mouvement général d'assouplissement monétaire engagé par les banques centrales mondiales pour relancer la croissance.
Les taux proposés par les établissements sont actuellement aux alentours de 3,26%, au plus bas depuis 1945. Près d'un tiers (30%) des banques ont encore baissé leurs taux le mois dernier.
Le taux d'un crédit immobilier sur 15 ans est passé de 5,05% en novembre 2008, à 3,1% en octobre 2010 hors assurance, un repli de plus de deux points en moins de deux ans.
En renégociant leurs crédits immobiliers, les emprunteurs peuvent économiser jusqu'à cinq années de remboursement et plus d'un tiers du coût du crédit, selon les courtiers.
Les emprunteurs doivent toutefois s'acquitter de frais, 1% du montant restant dû par exemple.
Un ménage ayant souscrit, en octobre 2008, un prêt immobilier de 200.000 euros au taux de 5,15% sur 20 ans, verrait sa mensualité passer de 1.397 euros (assurance comprise) à 1.206 euros après réaménagement de son prêt au taux de 3,25% sur les 18 années restantes.
Le coût total du crédit, lui, serait de 72.726 euros au lieu des 135.170 négociés au départ, soit 34.113 euros d'économie.
Jean-François (prénom changé à sa demande), trentenaire parisien, est dans ce cas. Il a contracté à l'automne 2008 un prêt immobilier à 4,85% sur 25 ans auprès de la Banque Postale. Sa mensualité, 1.400 euros actuellement, devrait baisser de 100 euros et la durée du crédit de 3 ans, selon la première simulation effectuée avec la banque, qui lui demande de souscrire en contrepartie à des produits tels que l'assurance-vie ou l'épargne-retraite...
"C'est déjà pas mal, mais j'ai envie d'aller voir une autre banque", confie-t-il.
En effet, quand ce ne sont pas les termes du prêt qui sont revus, c'est la vente du crédit lui-même qui est envisagée car les emprunteurs peuvent négocier actuellement le rachat de leur crédit immobilier par une autre banque à des conditions très attractives.
Cette stratégie peut permettre de réaliser un gain moyen d'environ 25.000 euros, selon le courtier en crédit immobilier Empruntis.
D'autant que certains établissements financiers veulent conquérir une nouvelle clientèle.
Les emprunteurs engagés dans une démarche de renégociation de crédit peuvent en outre demander à revoir les conditions de leur assurance de prêt, qui représente souvent 15% du financement.
Un ménage pourrait ainsi réaliser, selon Marion Dunois, responsable du secteur chez l'assureur April, "une économie qui va représenter jusqu'à 50% du tarif proposé par sa banque".