La première compagnie aérienne japonaise, Japan Airlines (JAL), a sonné mardi la fin des enchères entre les rivales américaines American Airlines et Delta Air Lines, préférant renforcer son partenariat avec la première et rester membre de l'alliance Oneworld, au grand dam de SkyTeam.
En repoussant les offres de soutien opérationnel et financier de Delta Air Lines et des autres compagnies membres de l'alliance SkyTeam, dont le groupe européen Air France-KLM, JAL dit avoir fait le choix de la simplicité, tant pour elle que pour les passagers.
"La première raison est que nous voulons privilégier les clients et ne pas leur causer des soucis supplémentaires", a justifié un directeur général adjoint de JAL, Daiji Nagai, lors d'une conférence de presse.
Un partenariat avec Delta Air Lines, bien que tentant du point de vue de la puissance de la première compagnie mondiale, aurait forcé JAL à rompre des liens noués depuis une quinzaine d'années avec American Airlines et à quitter Oneworld au profit de Skyteam, des opérations jugées périlleuses.
"Nous travaillons déjà avec American Airlines et sommes membre de Oneworld, renforcer ces relations nous est apparu moins difficile qu'un changement, financièrement et pour notre personnel", a reconnu M. Nagai, rappelant que la compagnie était en pleine difficile restructuration.
A ce stade, il s'agit d'étendre les coopérations sur le plan opérationnel, et non de nouer des accords capitalistiques, a souligné JAL.
"Nous n'accepterons pas de capitaux de nos partenaires", a assuré M. Nagai, même si American Airlines, Oneworld et le fonds d'investissements américain TPG ont mis sur la table plus d'un milliard de dollars.
JAL et American Airlines prévoient de présenter un dossier commun aux autorités américaines afin de combiner au mieux leurs vols entre les Etats-Unis et le Japon. Elles entendent ainsi profiter de la libéralisation du trafic offerte par l'accord "ciel ouvert" récemment signé entre les deux pays.
Depuis des mois et dans cette perspective, JAL, affaiblie par la crise et des handicaps structurels, mais qui détient une position stratégique dans l'archipel et en Asie, était convoitée par Delta Air Lines/SkyTeam dépourvus de partenaire au Japon.
Bénéficiant de fonds publics nouveaux, JAL a décidé de repousser cette offre pécuniaire et de s'en tenir pour l'heure à un renforcement de ses liens opérationnels actuels, après de longues tractations avec les compagnies américaines, le ministère nippon des Transports et l'organisme semi-public, Etic, chargé de la remise sur pied de JAL.
Jusqu'il y a peu, l'offre Delta/SkyTeam, était pourtant donnée favorite.
La donne a changé avec l'arrivée à la tête de JAL le 1er février d'un nouveau président, Kazuo Inamura, octogénaire capitaine d'industrie bouddhiste choisi pour son charisme, son bon sens et son entregent. Il est épaulé par une équipe rajeunie qui se veut indépendante et pragmatique.
Ces nouveaux commandants ont jugé la situation de JAL suffisamment complexe pour ne pas en plus ajouter les inévitables confusions résultant d'un changement d'alliance (modification du système informatique, déménagement des comptoirs dans les aéroports, transfert des points de fidélité, etc.)
Par ailleurs, bien que refusant d'entrer dans SkyTeam, JAL a émis mardi le souhait de continuer à exploiter des vols en code partagé avec Air France qui est un des piliers de cette alliance au côté de Delta Air Lines.
"Les vols en code partagé avec Air France et d'autres compagnies établis sur un mode bilatéral en dehors des accords d'alliance sont pour nous très utiles et nous souhaitons qu'ils se poursuivent", a confié M. Nagai.