Le gouvernement britannique a présenté mercredi son troisième budget d'austérité consécutif, caractérisé par une baisse controversée du taux d'imposition des plus hauts revenus qu'il s'est engagé à compenser par de nouvelles recettes visant les riches.
Présentant son budget 2012/13 devant le Parlement, le ministre conservateur des Finances George Osborne a réaffirmé son "engagement inébranlable" à s'attaquer à la dette du pays et à son déficit, qui atteindra encore 7,6% du produit intérieur brut l'an prochain.
Le point le plus attendu était la contribution des plus riches à l'effort général, un sujet hautement symbolique au moment où le reste du pays est appelé à faire des sacrifices.
M. Osborne a annoncé l'abaissement de 50% à 45% du taux marginal d'imposition décidé par le précédent gouvernement travailliste sur les revenus annuels supérieur à 150.000 livres -- environ 180.000 euros.
Le taux actuel est inefficace fiscalement, "fait du tort à l'économie britannique et handicape sa compétitivité", a justifié M. Osborne. Il a toutefois assuré que les riches paieraient au total plus d'impôts grâce à d'autres mesures, notamment contre l'évasion fiscale.
Largement éventée par la presse, la décision est pourtant impopulaire et plus des deux tiers des Britanniques y sont opposés, selon un sondage publié mardi. Le chef de l'opposition travailliste Ed Miliband a d'ailleurs aussitôt dénoncé "un budget pour les millionnaires et qui écrase les classes moyennes".
"La décision va enchanter les magnats des affaires et la droite du parti conservateur, et va améliorer significativement les finances des 1% les plus riches de la population", a aussi jugé le Financial Times, le quotidien de la City.
Pour calmer les critiques, le gouvernement a fait un geste en direction des ménages modestes, dont le pouvoir d'achat est actuellement sous pression, en relevant le seuil d'imposition sur les revenus à 9.205 livres - environ 11.000 euros.
Pour encourager la croissance et les investissements étrangers, M. Osborne a par ailleurs annoncé que l'impôt sur les sociétés serait ramené de 26% à 24% dès le mois prochain, et à 22% d'ici à 2014.
Le gouvernement britannique a fait de l'assainissement de ses finances publiques une priorité et reste sous la pression des agences de notation financière, qui envisagent de faire perdre le précieux "AAA" au pays. Cette note lui permet actuellement de financer sa dette à des taux très avantageux.
Les nouvelles prévisions officielles publiées mercredi confirment que la croissance devrait rester en berne, privant le gouvernement de précieuses recettes. Le pays devrait toutefois éviter la récession et son économie croître de 0,8% cette année.
Le déficit devrait pour sa part diminuer progressivement, pour un retour à l'équilibre à l'horizon 2016/17, a assuré M. Osborne.
Faute de marges de manoeuvre, le gouvernement est contraint de financer les mesures annoncées mercredi avec de nouvelles recettes. Outre la lutte contre l'évasion fiscale, le ministre des Finances a annoncé une augmentation de la taxation sur la transmission des demeures les plus luxueuses.
Ces mesures visant les plus riches apparaissent également comme un compromis en direction des libéraux-démocrates, membres de la coalition au pouvoir, qui ont fait de la lutte contre les inégalités une de leurs priorités.
Mais les "lib-dems" apparaissent une fois de plus comme les perdants des négociations internes à la coalition et, selon la presse, certains élus de base ont même menacé de ne pas voter ce budget.