Le directeur général de l'une des principales banques du Japon, Mizuho Financial Group, s'est excusé lundi pour avoir accordé des prêts à des yakuzas, la mafia nippone, après la publication d'un rapport accablant d'un groupe d'avocats mandaté par l'établissement.
Yasuhiro Sato, qui avait reconnu mardi dernier être au courant depuis trois ans de ces prêts portant sur l'équivalent de 1,5 million d'euros, après avoir nié dans un premier temps, a indiqué qu'il renonçait à six mois de salaire comme punition. D'autres responsables du groupe vont aussi voir leur rémunération temporairement réduite.
"Nous avons causé beaucoup de tort à de nombreuses personnes, dont nos actionnaires. Je m'excuse sincèrement", a-t-il déclaré lundi en conférence de presse avant de se courber longuement, un acte de contrition habituel au Japon en cas de faute.
Face à l'ampleur du scandale qui a fait l'objet de nombreux articles dans la presse, le ministre des Finances et vice-Premier ministre, Taro Aso, a dénoncé ces transactions douteuses en les qualifiant d'"énorme problème", avant d'ajouter que les dénégations initiales de Mizuho, l'un des trois plus grands établissements bancaires japonais, était "la pire chose qu'une banque puisse faire".
Fin septembre, Mizuho avait été mise en demeure de cesser d'accorder des prêts aux yakuzas par l'agence de régulation financière du Japon (FSA).
Selon la FSA, Mizuho a émis quelque 230 prêts douteux.
Lundi, le groupe d'avocats mandaté par la banque a été catégorique: "de nombreux dirigeants et membres du conseil d'administration savaient, ou étaient en position de savoir".
Dans le propre rapport de la banque soumis également lundi à la FSA, Mizuho indique que 54 anciens et actuels dirigeants seront sanctionnés, dont le président du conseil d'administration de Mizuho Bank, la filiale proprement bancaire de la holding Mizuho Financial Group. Takashi Tsukamoto quittera son poste mais restera toutefois à la tête de cette holding.
Selon la FSA, "aucune mesure conséquente" n'a été prise au sein de Mizuho "pour empêcher et cesser les transactions avec les forces antisociales, plus de deux ans après qu'il ait été établi que des prêts avaient été accordés à nombre d'entre elles".
Au Japon, l'expression "force antisociale" désigne les organisations criminelles, notamment les yakuzas.
Ces derniers sont présents dans diverses activités lucratives et souvent illégales, comme le jeu, la drogue, la prostitution, le racket, le blanchiment via des sociétés des plus honorables, etc.
Ces gangs ne sont pas en tant que tels illégaux et leurs activités ont longtemps été tolérées par les autorités, mais l'arsenal législatif antimafia s'est renforcé et les syndicats du crime sont davantage inquiétés par la police ces dernières années.