Le gouvernement japonais a indiqué mardi qu'il allait étudier la possibilité de proroger des mesures exceptionnelles de soutien économique ou d'en instaurer de nouvelles afin d'éviter une fin brutale de la reprise à cause de la cherté du yen et des pressions déflationnistes.
"Une réunion est prévue ce vendredi avec le Premier ministre et les membres de l'exécutif concernés afin de discuter de la nécessité de nouvelles dispositions", a déclaré publiquement le ministre délégué à la politique budgétaire et économique, Satoshi Arai.
Aux dires des médias, le gouvernement, de centre-gauche, pourrait reconduire des modalités déjà en vigueur (comme les subventions et ristournes fiscales accordées pour l'achat de voitures et appareils écologiques) dont la fin est programmée en septembre ou décembre.
Il pourrait aussi juger ces mesures essoufflées et en proposer d'inédites pour contrer le ralentissement du rythme de reprise de l'économie nippone observé au cours des mois d'avril à juin.
L'enveloppe budgétaire allouée à cet éventuel train de relance serait de l'ordre de 1.700 milliards de yens (15,5 milliards d'euros) si le gouvernement, bien que contraint financièrement, suit les requêtes de la formation au pouvoir, le Parti démocrate du Japon (PDJ).
Par ailleurs, le Premier ministre, Naoto Kan, doit s'entretenir lundi prochain avec le gouverneur de la Banque centrale du Japon (BoJ), Masaaki Shirakawa, selon la presse.
"Je veux maintenir une communication suivie avec la Banque du Japon", a confirmé à demi-mots le chef du gouvernement.
Les deux hommes doivent évoquer les moyens de lutter contre la cherté de la monnaie japonaise face au dollar et à l'euro, le yen oscillant actuellement autour de son plus haut niveau en 15 ans vis-à-vis du billet vert, ce qui handicape fortement les sociétés exportatrices japonaises.
De nombreuses voix des milieux d'affaires se font vivement entendre depuis une semaine pour exiger des autorités des actes concrets alors que les exportations risquent de pâtir fortement de cette situation pénalisante.
Les appels à l'acte sont d'autant plus véhéments que les cours des actions des entreprises concernées baissent de jour en jour à la Bourse de Tokyo.
Une intervention directe unilatérale du gouvernement japonais sur le marché des changes pour affaiblir le yen est perçue comme hautement improbable, mais une action de la Banque du Japon, notamment pour faciliter les financements des entreprises, est jugée nécessaire.
"Le gouvernement peut contrebalancer l'impact de la force du yen en poussant la Banque du Japon à de nouveaux assouplissements monétaires, la seule voie pour aider les groupes exportateurs nippons", a commenté Takahide Kiuchi, économiste de Nomura Securities.
La BoJ est indépendante vis-à-vis du pouvoir exécutif, mais son gouverneur estime que les deux doivent oeuvrer en bonne intelligence dans le même sens au service de l'économie du pays.
Le chef du gouvernement et le gouverneur de la BoJ doivent également parler du phénomène pernicieux de la déflation dans lequel le Japon est englué. Le manque d'entrain des consommateurs nippons induit une course aux bas prix attractifs, ce qui ronge la capacité des entreprises à investir, freine la progression salariale et entretient un cercle vicieux.