La Banque centrale européenne a salué jeudi les efforts entrepris par la Grèce pour sortir de sa crise budgétaire et sommé les autres pays de la monnaie unique à mettre clairement au point leur plan d'économies, pour le bien de la zone euro.
Les mesures d'économies budgétaires présentées par la Grèce sont "des pas dans la bonne direction", a jugé jeudi le président de la BCE Jean-Claude Trichet au cours d'une conférence de presse.
Le plan prévoit un retour du déficit public grec dans les limites du Pacte de stabilité européen en 2012, à moins de 3% du PIB contre près de 13% l'an passé. Pour y parvenir, Athènes envisage de geler les salaires des fonctionnaires ou encore de relever l'âge légal du départ à la retraite.
M. Trichet a appelé le pays à ne pas faillir face à l'ampleur de la tâche. "Nous attendons, et nous sommes confiants à cet égard, que la Grèce prenne toutes les décisions nécessaires" pour atteindre ses objectifs à moyen terme, a-t-il ajouté.
Le Français a de nouveau félicité l'Irlande, en débâcle budgétaire tout comme l'Espagne et le Portugal, jugeant "impressionnantes" les mesures annoncées par Dublin pour redresser la barre.
Mais surtout, il a appelé l'ensemble des Etats membres à jouer cartes sur table en dévoilant leurs plans d'assainissement, pour redonner confiance dans la zone euro.
"Il est d'une importance capitale" que les gouvernements mettent au point une stratégie pour assainir leurs finances, a-t-il souligné. La plupart d'entre eux se sont engagés à respecter le pacte en 2013 mais sont restés évasifs sur les moyens d'y parvenir.
La crise grecque est considérée comme l'épreuve la plus sérieuse pour la zone euro depuis sa naissance il y a onze ans, et les débats sur la sortie d'un pays voire l'éclatement de l'Union monétaire restent vifs.
Les attaques spéculatives des marchés, focalisées jusqu'ici sur la Grèce, risquent de se propager. Le ministre portugais des Finances Fernando Teixeira dos Santos, s'en est inquiété jeudi et a dénoncé le comportement "irrationnel" des investisseurs.
Jeudi, l'euro a chuté sous les 1,38 dollar pour la première fois depuis juin 2009, et les marchés boursiers reculaient nettement, notamment Madrid qui décrochait de plus de 5%.
Le président de la BCE n'a pas voulu commenter directement le comportement des marchés, mais a noté que la solidité de la zone euro semblait être "peu connue".
Citant des chiffres du Fonds monétaire international (FMI), il a rappelé que le déficit public attendu dans la zone euro se situait autour de 6% du PIB cette année, à comparer avec plus de 10% aux Etats-Unis et au Japon.
Concernant l'économie des seize, il a dressé grosso modo le même tableau qu'il y a trois semaines. Le conseil des gouverneurs s'attend à une reprise "modérée" en 2010, toujours soumise "à des incertitudes", et sans inflation.
Il a appelé les banques à accompagner la relance en accordant davantage de crédits. "C'est bien que vous fassiez de nouveau des bénéfices. Mais il faut vous rappeler que vous avez un devoir envers l'économie", a-t-il lancé.
Les sommes investies par les banques centrales, les Etats et les contribuables pour sortir le secteur bancaire de la crise sont telles "que nous n'accepterons pas qu'il y ait des restrictions au niveau de l'offre" en crédit, a prévenu M. Trichet.
Le niveau des taux directeurs de la BCE reste "approprié", a-t-il répété, ce qui suggère la poursuite d'un long statu quo monétaire. La BCE a décidé jeudi de maintenir son principal taux inchangé à 1%, son niveau depuis mai 2009.