par Paul Taylor et Reinhard Becker
BRUXELLES/BERLIN (Reuters) - Le Premier ministre grec, Alexis Tsipras, a plaidé jeudi après un entretien avec la chancelière allemande, Angela Merkel, en faveur d'une accélération des discussions en vue d'un accord permettant le versement de nouvelles aides à Athènes en échange de réformes structurelles.
L'aparté entre les deux chefs de gouvernement s'est déroulé avant le Conseil européen convoqué en urgence à Bruxelles pour débattre de la crise des migrants en Méditerranée, à la veille d'une réunion des ministres des Finances de la zone euro à Riga, en Lettonie.
Alexis Tsipras et Angela Merkel ont noté que des "progrès importants" avaient été accomplis depuis leur précédente rencontre, le 23 mars à Berlin, a dit un responsable grec.
"Le Premier ministre a demandé que les procédures soient accélérées afin que (...) la décision prévoyant un premier accord provisoire d'ici la fin avril soit mise en oeuvre", a-t-il ajouté.
Angela Merkel a estimé de son côté que "tout doit être entrepris" pour empêcher que la Grèce se retrouve à court d'argent avant d'avoir conclu un accord sur les réformes avec ses créanciers internationaux.
Elle a qualifié de "constructif" son entretien avec Alexis Tsipras mais a ajouté que tous deux s'étaient mis d'accord pour que le contenu de leur discussion reste confidentiel.
Des responsables de l'Union européenne avaient déclaré auparavant qu'Angela Merkel souhaitait, lors de son entretien avec Alexis Tsipras, réaffirmer son souhait de voir la Grèce rester dans la zone euro et éviter un défaut sur sa dette, mais aussi souligner que le gouvernement grec devait s'engager sur des mesures détaillées et chiffrées.
"Au plus haut niveau, les Allemands veulent garder la Grèce dans la zone euro et trouver une solution, mais le temps commence à manquer et il se pourrait qu'il y ait de nouveaux drames avant que Tsipras se décide à conclure un accord", a dit un haut responsable.
"LES PROGRÈS NE SONT PAS SATISFAISANTS"
Le vice-président de la Commission européenne, Valdis Dombrovskis, qui se trouvait jeudi à Berlin, a évoqué des doutes croissants sur la situation de la Grèce en soulignant que l'instabilité financière risquait de compromettre la croissance économique. Il a ajouté ne pas croire à un accord avant la fin du mois mais plutôt dans le courant du mois de mai.
"Les progrès ne sont pas satisfaisants", a-t-il dit à la chaîne de télévision ARD.
Des responsables grecs et de la zone euro ont déclaré mercredi que la Grèce pourrait probablement honorer ses obligations financières jusqu'en juin en utilisant toutes les liquidités disponibles dans le secteur public, mais qu'une nouvelle aide serait indispensable pour lui permettre de rembourser les prêts du Fonds monétaire international (FMI) arrivant à échéance en juillet et en août.
"Nous ne pouvons pas attendre juin pour conclure un accord à cause de nos problèmes de liquidités. Nous devons trouver une solution avant", a dit à Reuters une source gouvernementale à Athènes qui a requis l'anonymat.
Le quotidien grec Kathimerini a rapporté jeudi que le gouvernement envisageait de demander au Mécanisme européen de stabilité (MES), le fonds d'aide aux pays de la zone euro créé après la crise de la dette, de racheter des emprunts grecs détenus par la Banque centrale européenne (BCE) pour permettre le remboursement des dettes arrivant à échéance cet été.
Une telle démarche équivaudrait à un troisième plan d'aide de la zone euro et nécessiterait donc le feu vert des Etats membres, voire du Parlement de certains pays, comme l'Allemagne et la Finlande.
(Marc Angrand pour le service français, édité par Tangi Salaün)