La Grèce a annoncé dimanche une cure d'austérité sans précédent sur trois ans, contrepartie d'une aide internationale massive d'environ 100 milliards d'euros destinée à sauver Athènes de la faillite tout en évitant une contagion de la crise à d'autres pays fragiles de la zone euro.
Ce plan de rigueur, qui prévoit la suppression des 13ème et 14ème mois de salaire dans la fonction publique et une hausse de la TVA, va imposer de nouveaux sacrifices à une population déjà soumise à rude épreuve.
Des économies de 30 milliards d'euros doivent permettre de ramener le déficit public abyssal de la Grèce sous les 3% du produit intérieur brut (PIB), la limite européenne, d'ici à la fin 2014.
Les ministres des Finances de la zone euro étaient réunis dimanche après-midi à Bruxelles pour donner leur feu vert au déblocage de leur aide.
"J'ai confiance (dans le fait) que les Etats membres de la zone euro vont entériner ce programme aujourd'hui et je recommanderai aujourd'hui à l'Eurogroupe d'activer le mécanisme" européen d'aide financière à la Grèce, a déclaré le commissaire aux Affaires économiques, Olli Rehn, avant la réunion.
L'accord doit permettre de débloquer des prêts de l'ordre de 110 milliards d'euros de la zone euro et du Fonds monétaire international sur trois ans en contrepartie de la cure d'austérité, afin d'éviter à la Grèce, confrontée à une dette colossale de plus de 300 milliards d'euros, un défaut de paiement à moyen terme.
Il a été conclu samedi à Athènes avec le FMI et les Européens après des semaines de tractations qui ont ébranlé la stabilité de la zone euro, faisant redouter un effet domino sur les pays les plus lourdement endettés comme l'Espagne et le Portugal.
Le plan de sauvetage international, d'un montant "sans précédent au niveau mondial", imposera au pays de "grands sacrifices" et une "grande épreuve", a déclaré dimanche le Premier ministre grec Georges Papandréou en annonçant l'accord en Conseil des ministres. "Ce sont des sacrifices durs mais nécessaires (...) sans lesquels la Grèce ferait faillite", a dit M. Papandréou.
La chancelière allemande Angela Merkel a qualifié dimanche de "très ambitieux" le plan d'austérité accepté par la Grèce, en contrepartie d'une aide financière internationale, devenue selon elle "la seule façon d'assurer la stabilité de l'euro".
Longtemps hostile à une aide en faveur de la Grèce, accusée d'avoir dépensé sans compter en cachant l'ampleur de ses déficits publics, le gouvernement allemand a espéré qu'Athènes respecterait "à la virgule près" le plan d'austérité.
Saluant le programme grec, la Banque centrale européenne a demandé aux autorités de "se tenir prêtes à prendre toute mesure supplémentaire qui pourrait se révéler appropriée" pour atteindre les objectifs.
Le déblocage de l'aide internationale sera en outre "graduel et conditionné à des contrôles trimestriels", a rappelé le ministre grec des Finances, Georges Papaconstantinou.
La pilule s'annonce amère pour les Grecs, avec de nouveaux coups portés à un pouvoir d'achat déjà entamé par la récession, après un premier plan d'économies de 4,8 milliards d'euros adopté en mars.
Les mesures d'austérité sont "les plus injustes et les plus dures" de l'histoire de la Grèce, a estimé la grande centrale syndicale grecque GSEE du secteur privé, appelant à "intensifier le combat social".
Les syndicats ont appelé mercredi à une troisième grève générale en moins de trois mois, après un test mitigé à l'occasion du 1er mai.
L'assainissement des finances publiques entraînera une récession plus profonde que prévu cette année, avec une chute du PIB de 4%, contre 2% attendus.
Détaillant le plan qui doit permettre de ramener le déficit public grec (environ 14% du PIB en 2009), sous les 3% "d'ici fin 2014", M. Papaconstantinou a prévenu que la dette publique continuerait à progresser, jusqu'à 149% du PIB en 2013, avant de commencer à refluer en 2014.
Parmi les principales mesures figurent la suppression des 13e et 14 mois de salaire dans la fonction publique et celle des 13e et 14e mois de pensions pour les retraités du public comme du privé, compensées par des primes pour les plus bas revenus.
Une nouvelle hausse de un à deux points de la TVA (21% actuellement) est aussi prévue.
L'envolée des taux des obligations d'Etat grecques, au fur et à mesure que l'incertitude des marchés montait sur la solvabilité du pays, avait contraint Athènes à demander le 23 avril le déclenchement de l'aide internationale.
Après le feu vert des ministres de la zone euro, les chefs d'Etat ou de gouvernement doivent fournir l'aval définitif au déblocage des prêts, probablement lors d'un sommet vendredi ou samedi.
Un projet de loi regroupant les nouvelles mesures sera présenté au Parlement grec lundi ou mardi, et voté dans la foulée.