Le Parlement grec a voté jeudi pour proroger de quatre ans la cure d'austérité administrée à la Grèce en échange d'une aide financière internationale, sur fonds de tension sociale et de mobilisation dans la rue.
Le Premier ministre Georges Papandréou s'est félicité jeudi de la "bataille difficile" remportée par les Grecs, avec ce vote. Mais il a averti que "d'autres batailles cruciales et très difficiles" les attendent "pour sortir de la crise".
Une majorité de 155 députés sur les 296 présents s'étaient auparavant prononcés en faveur du principe de la loi d'application du plan cadre draconien adopté mercredi, qui prévoit 28,4 milliards d'euros d'économies et 50 milliards de privatisations d'ici 2015.
Les 136 députés présents de l'opposition de droite et de gauche ont voté contre, et cinq ont voté blanc.
La majorité socialiste de M. Papandréou sort amaigrie de ces votes, après l'exclusion mercredi d'un député ayant rejeté le plan-cadre, et le demi-oui jeudi d'une collègue, qui a voté "non" sur les dispositions relatives aux privatisations.
En dépit d'une mobilisation en baisse, la colère de la rue ne cède pas non plus: en début de soirée, quelques milliers de contestataires se massaient sur la place Syntagma à Athènes à l'appel des "indignés" et des syndicats, pour la troisième journée consécutive.
Les slogans visaient surtout la police, qui avait noyé la veille le centre-ville sous les gaz lacrymogènes, faisant fuir le gros des manifestants. Quelques centaines de fauteurs de trouble avaient ensuite tenu tête jusqu'à la nuit aux forces de l'ordre, au prix de nombreux dégâts.
Selon un bilan des services de santé jeudi, 180 personnes ont reçu des premiers soins, surtout pour problèmes respiratoires.
Dès l'annonce des résultats du deuxième vote, les présidents de l'UE, Herman Van Rompuy, et de la Commission européenne, José Manuel Barroso, ont levé l'hypothèque sur l'avenir immédiat de la Grèce, jugeant les conditions réunies pour un déblocage d'argent frais à Athènes, menacé sinon d'un défaut de paiement susceptible de faire exploser la zone euro.
Les votes ouvrent aussi la voie "à des progrès rapides sur le deuxième plan de sauvetage", ont-ils jugé dans un communiqué.
Des incertitudes énormes continuent toutefois de peser sur le paquet supplémentaire censé permettre à la Grèce de couvrir ses besoins sur les prochaines années, notamment sur l'implication des créanciers privés et sur la nature des garanties qui seraient demandées.
Le nouveau ministre grec des Finances Evangélos Vénizélos a mis les pieds dans le plat des négociations européennes à la tribune du parlement.
"Nous avons besoin d'un message clair sur la participation des banques privées" et de "dépasser les obstacles dressés par certains pays membres (...) comme la Finlande, qui veut des garanties au delà de celles compatibles" pour Athènes avec les règles européennes, a-t-il lancé.
Les principales banques allemandes ont en tout cas ébauché jeudi un geste, s'engageant à prolonger une partie de leurs crédits à la Grèce d'ici 2014 selon des modalités encore à définir, a annoncé le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble.
Une proposition française présentée en début de semaine verrait les institutions financières réinvestir 70% des remboursements d'Athènes. Ramené à l'exposition allemande de 3,2 milliards d'euros, cela signifierait un crédit supplémentaire de 2,24 milliards d'euros.