La vente à une semaine d'intervalle des joyaux d'AIG, ses filiales internationales AIA et Alico, devrait théoriquement permettre à l'assureur américain de rembourser sa dette à la Réserve fédérale de New York, mais il doit encore 45 milliards au Trésor.
AIG, nationalisé à 80%, a annoncé lundi qu'il cédait sa filiale d'assurance-vie American Life Insurance Company (Alico) à l'assureur américain MetLife, pour 15,5 milliards de dollars, dont 6,8 milliards de dollars en numéraire et environ 8,7 milliards en titres MetLife, qui ne pourront être cédés qu'à partir de 2011.
Il y a une semaine, AIG avait annoncé la cession à Prudential de ses activités asiatiques regroupées dans AIA pour 35,5 milliards de dollars, dont 25 milliards en numéraire et 10,5 milliards en actions Prudential.
"Nous sommes sur la bonne voie pour générer environ 50,7 milliards de dollars grâce à ces deux transactions seules", remarque Harvey Golub, président du conseil d'administration d'AIG, dans un communiqué.
Les revenus de ces cessions devraient en théorie permettre à AIG de rembourser toute sa dette à la Réserve fédérale (Fed) de New York, qui s'élève à 50 milliards de dollars.
Mais il faudrait pour cela que la vente des actions de Metlife et Prudential, qui va prendre au moins un an, rapporte autant que leur valeur actuelle.
Depuis l'an dernier, l'assureur a vendu beaucoup d'unités, de sa filiale d'assurance-vie taïwanaise Nan Shan en passant par des activités de gestion financière ou d'assurance automobile, mais AIA et Alico étaient considérés comme ses plus gros actifs.
AIG est aussi en train de céder des parts dans la société de réassurance Transatlantic Holdings, pour des revenus attendus de quelque 494 millions de dollars.
Il conserve des activités d'assurance de biens et contre les accidents dans le monde et des activités d'assurance-vie aux Etats-Unis, mais la valeur de ces actifs est incertaine.
Au total, les autorités américaines ont débloqué 182,3 milliards de dollars d'aides à l'assureur pour lui éviter de faire faillite, mais seuls 45 milliards ont été utilisés, le reste étant constitué de lignes de crédit non utilisées.
L'ex-numéro un mondial de l'assureur doit encore environ 45 milliards de dollars au Trésor, et n'a pas encore dévoilé la manière dont il entend les rembourser.
"Nous pensons que la vente d'actifs stratégiques et la revitalisation de nos autres activités va générer assez de fonds pour rembourser les contribuables, ce qui élimine la nécessité de poursuivre la titrisation des activités d'assurance-vie qui avait été envisagée", a simplement indiqué le groupe dans les documents remis aux autorités boursières fin 2009.
Une vente de tout ou partie de sa filiale de leasing d'aviation, ILFC, est l'une des hypothèses qui circulent.
Le Wall Street Journal affirme lundi qu'une possibilité serait "d'émettre de nouvelles actions et d'utiliser les recettes de ces émissions pour rembourser les actions préférentielles du gouvernement".
Une autre option, souligne une analyste interrogée par l'AFP et qui a requis l'anonymat, serait de convertir progressivement les actions préférentielles du Trésor en actions ordinaires et de les vendre sur le marché.
Mais ce n'est pas sans risque vu le montant massif d'actions qui serait en vente, et cela pèserait sur la valeur du titre, qui cotait autour de 29 dollars lundi.
Pour l'analyste, il semble très optimiste d'attendre que l'assureur rembourse toute sa dette à l'Etat.
"Il ne faut pas croire que le chèque en blanc pourra être remboursé à 100%. Soit l'Etat renonce à une partie de la dette, soit il étendra son remboursement de 10, 15, 20 ans, (date à laquelle) tout le monde aura oublié", estime-t-elle. "La priorité reste la protection des assurés".