La zone euro est "au bord" de la récession économique, a estimé mercredi soir le chef de file des ministres des Finances de l'Union monétaire, Jean-Claude Juncker, en appelant à trouver les moyens de soutenir la croissance.
"Dans la zone euro nous sommes au bord de la récession technique", a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse à Luxembourg. Un récession "technique" est définie par les économistes par deux trimestres consécutifs au moins de recul du Produit intérieur brut (PIB).
Un grand nombre d'analystes s'attendent à ce que l'activité économique dans l'Union monétaire se soit repliée au dernier trimestre de l'année 2011 - les chiffres ne sont pas encore connus - et fasse de même au premier trimestre de l'année en cours. Ils pensent qu'ensuite le PIB de la zone euro stagnera puis recommencera à croître faiblement.
Il s'agirait donc d'une phase récessive d'ampleur limitée. Mais qui n'arrangera pas les affaires des gouvernements européens au moment où tous doivent trouver les moyens de réduire leurs déficits publics.
"Je crois que la consolidation budgétaire est une approche qui ne connaît pas d'alternative", a estimé M. Juncker, à l'issue d'une rencontre avec le chef du gouvernement belge, Elio Di Rupo.
"Nous devons consolider nos finances publiques mais il faut aussi attirer l'attention sur la nécessité qu'il y a de doter l'Europe d'une véritable politique de croissance", a-t-il ajouté, en rappelant que la question serait au centre du prochain sommet des dirigeants européens le 30 janvier.
"Je crois que la consolidation budgétaire est nationale et que la croissance doit pouvoir disposer d'éléments d'inspiration européenne", a encore estimé M. Juncker, qui est aussi Premier ministre du Luxembourg.
Par ailleurs, le président de l'Eurogroupe a relativisé les dégradations de notes de plusieurs pays de la zone euro et du Fonds européen de stabilité financière de l'Union monétaire (FESF) par Standard and Poor's.
Le FESF "n'a pas de difficultés à se financer sur le marché" pour trouver de l'argent et prêter ensuite à des conditions avantageuses aux Etats qui en ont besoin, a-t-il jugé. Une manière de signifier que les gouvernements "actionnaires" du mécanisme ne seront pas invités à augmenter leurs garanties afin que le FESF retrouve la meilleure note possible, triple A.
L'Allemagne, principal actionnaire, s'y refuse de toute façon.
"Je crois comme d'autres qu'il ne faut pas accorder une trop grande importance, ni une trop grande attention aux opinions émises par les agences de notation. Je les prends au sérieux et je voudrais qu'elle me prennent au sérieux", a-t-il ajouté, regrettant ainsi que ces agences n'aient pas assez pris en compte les efforts entrepris par la zone euro.