Après de multiples péripéties, Lagardère va finalement céder pour 1,02 milliard d'euros en cash à Vivendi sa part de 20% dans Canal+ France, filiale à l'abondante trésorerie qui était devenue un objet de discorde entre les deux groupes.
L'accord trouvé, au terme de six mois d'une médiation menée par René Ricol sous l'autorité du tribunal de commerce de Paris, "met également fin à tous les différends entre les deux groupes liés à cette participation", ont annoncé les deux protagonistes lundi soir.
Le différend entre les deux groupes de médias remontait à 2007, quand Arnaud Lagardère avait accepté la conversion de la participation de 33% du groupe dans Canalsatellite en une part de 20% de Canal+ France. Mais cette participation ne présentait pour Lagardère que peu d'intérêt puisqu'elle ne lui offrait ni minorité de contrôle ni dividende.
Le groupe Lagardère contestait par ailleurs depuis longtemps l'usage fait de la trésorerie de cette filiale, qui servait à toutes les activités de Vivendi, sans que son actionnaire minoritaire n'ait son mot à dire.
Lagardère a cherché à plusieurs reprises à céder cette participation sans pouvoir trouver d'accord sur le prix avec Vivendi. Lagardère, qui demandait quelque 1,5 milliard pour sa participation, a refusé une offre à 1 milliard en 2011, alors que Vivendi estimait alors cet actif entre 800 et 900 millions, selon des informations de presse.
Coup de bluff
Pour faire pression sur son co-actionnaire, Lagardère avait enclenché à deux reprises un processus d'introduction en Bourse de Canal+ France, en 2011 et 2012, avant de l'interrompre au dernier moment.
En février, Lagardère s'était résolu à entrer dans une bataille juridique en assignant Vivendi devant le Tribunal de Commerce de Paris afin d'obtenir l'annulation d'une convention sur la trésorerie de Canal+ France, datant de 2007.
Lagardère accusait ainsi Vivendi de détourner la trésorerie de leur filiale commune à son seul profit, sans retour pour Canal+ France, et réclamait la restitution d'1,6 milliard d'euros.
Début mai, Lagardère avait tenté un autre coup de bluff, se disant prêt à racheter 80% de Canal+ France, afin de posséder intégralement la filiale de Vivendi. Mais cette opération, estimée à quelque 3,5 milliards d'euros avait laissé les marchés sceptiques alors que le groupe venait de distribuer 1 milliard de dividendes à ses actionnaires après la vente de ses parts dans EADS.
C'est finalement la médiation, menée par René Ricol depuis mai, combinée à l'apport de liquidités lié à la cession par Vivendi pour 8,2 milliards de dollars de l'essentiel de sa filiale de jeux vidéos Activision Blizzard, qui a favorisé l'accord scellé lundi.
Celui-ci va permettre à Vivendi de renforcer sa stratégie pour devenir un groupe de médias.
Vivendi avait annoncé en septembre sa scission en vue d'une introduction en Bourse à terme de l'opérateur télécom SFR.
Après la vente de ses 7,4% dans EADS et de sa part de 25% d'Amaury, la cession par Lagardère de ses 20% de Canal+ France confirme aussi la stratégie du groupe de se délester de es participations minoritaires. La dernière qui lui reste en mains est sa part de 42% dans le groupe Marie Claire.
A la Bourse de Paris, le titre Lagardère a fini en baisse de 2,49% à 26 euros lundi, et Vivendi a cédé 0,61% à 18,65 euros, dans un marché en baisse de 0,48%.