Déjà gratifié d'un coup de pouce en août, le Livret A pourrait de nouveau bénéficier d'une hausse de son taux début février et passer de 1,75% à 2,00%, en fonction du chiffre de l'inflation publié jeudi, un relèvement à même de relancer ce produit qui marque actuellement le pas.
Pour que la rémunération du produit d'épargne le plus populaire de France reparte à la hausse, en application de la formule définie par la loi, il faudrait que l'inflation hors tabac s'affiche à 1,7% en décembre sur un an.
Un scénario jugé improbable il y a encore quelques semaines mais qui a été rendu possible par le bond des cours du pétrole. Autour de 80 dollars début novembre, le prix du baril s'est depuis résolument installé au-delà de 90 dollars.
Mais malgré ce sursaut, les économistes restent partagés et Natixis, notamment, table sur un statu-quo du taux du Livret A.
Le fameux livret, qui va sur ses 200 ans, profiterait bien d'un relèvement, même symbolique.
"Quand vous touchez à la rémunération à la hausse, cela a toujours généré une hausse de la collecte", rappelle Cyril Blesson, co-fondateur des Cahiers de l'Epargne.
"Le déterminant fondamental de la collecte, c'est le taux", a renchéri jeudi le président de la Fédération bancaire française (FBF) François Pérol lors de son audition devant la commission des Finances.
"Si le taux du Livret A n'est pas attractif, quels que soient les efforts des établissements (bancaires), ils ne le placeront pas", selon lui.
De fait, l'annonce, en juillet, du passage du taux de 1,25% à 1,75% avait donné un coup de fouet à la collecte, les dépôts dépassant de 4,4 milliards les retraits entre juillet et septembre. Le mouvement s'est d'ailleurs nettement ralenti depuis.
Faire passer le taux à 2% placerait le Livret dans une situation encore plus favorable vis-à-vis de ses grands rivaux, l'assurance vie et les placements de trésorerie. Le premier est en chute libre et le second n'offre qu'un rendement symbolique depuis plusieurs mois.
Malgré le ralentissement de fin d'année, le Crédit Agricole annonce l'ouverture de 1,603 million de Livrets A et 4,5 milliards d'euros de collecte en 2010. Les premiers jours de janvier traduisent un rythme similaire.
Pour autant, de l'avis des économistes, l'embellie pourrait être de courte durée pour la rémunération du Livret A. La plupart s'attendent à une baisse importante des cours du pétrole dès février, ce qui pourrait ramener le taux à 1,75% plus tard dans l'année, début mai ou début août.
"On pense que le passage à 2% resterait temporaire", explique Axelle Lacan, économiste France chez Crédit Agricole.
L'annonce éventuelle jeudi d'une révision du taux interviendrait alors qu'une âpre bataille fait rage entre les banques, d'un côté, et la Caisse des dépôts et l'Union sociale pour l'habitat (USH) de l'autre, sur le partage de la ressource du Livret A et du Livret de développement durable (LDD).
Deux projets de décret sont à l'étude pour déterminer la part des dépôts sur ces deux livrets qui doit être gérée par la Caisse des dépôts (CDC) et la rémunération que doivent percevoir les banques en échange des sommes qu'elles apportent à la CDC.
En l'état, les projets ne satisfont aucune des deux parties, les banques militant pour conserver davantage de dépôts chez elles et la CDC souhaitant obtenir les moyens de ses ambitions en matière de financement du logement social et de grands projets.
Les derniers arbitrages devraient être rendus en fin de mois.