Le micro-crédit a poursuivi sa forte croissance en France en 2009, pesant désormais 63 millions d'euros, mais reste méconnu d'une majorité de Français, selon le premier baromètre de la micro-finance publié mardi par l'Agence française pour le développement et la Caisse des dépôts.
Considéré comme un levier pour la création d'entreprise et la réinsertion, le microcrédit consiste en l'attribution de prêts de faible montant et sans demande de garantie à des personnes qui ne peuvent pas recourir aux prêts bancaires classiques.
Le total des micro-crédits extra-bancaires à destination des professionnels et des particuliers a triplé depuis 2006 pour atteindre 63 millions d'euros en 2009 dans l'Hexagone, d'après ce baromètre.
Ce chiffre reste néanmoins très éloigné des 50,7 milliards placés dans les fonds ISR, investissement socialement responsables, et des 2,4 milliards d'euros dans la finance solidaire.
Les principaux bénéficiaires en France sont à 52% des demandeurs d'emplois et à 80% des clients ne pouvant emprunter auprès des banques.
Les fonds investis par les épargnants français stagnent en revanche dans les pays en développement en 2009 à 270 millions d'euros.
Les investissements français se destinent avant tout dans les institutions de micro-finance (37%) et les ONG (35%). Les banques ne représentent que 7% de la collecte.
Le baromètre souligne par ailleurs que les taux d'intérêt moyens demandés par les associations spécialisées peuvent varier de 3% à 13%, une diversité qui s'explique par des objectifs différents en terme d'équilibre financier.
Reste que la micro-finance pâtit encore d'un fort déficit de notoriété, 58% des Français n'en ayant jamais entendu parlé tandis que seuls 7% seulement savent de quoi il s'agit.
Au total, 70% estiment que le micro-crédit aide ses bénéficiaires, 47% qu'il a un impact limité et 33% qu'il peut même être dangereux.
Ce sondage a été réalisé par Ipsos pour l'ONG ACTED (Agence d’aide à la coopération technique et au développement) entre le 9 et le 13 avril auprès de 1.049 personnes.
Lancé dans les pays en développement notamment par l'action du prix Nobel de la Paix 2006 du Bangladais Muhammad Yunus, le micro-crédit s'est ensuite étendu aux pays développés.
Ces prêts s'adressent aux exclus du système bancaire ou à des publics en difficulté comme les chômeurs, qui se voient, en France par exemple, prêter des sommes inférieures à 25.000 euros, leur permettant de sortir du chômage en créant une entreprise.
Selon un récent rapport de l'Inspection générale des finances, 48.000 emplois ont ainsi été créés ou maintenus en France en 2008 grâce à ces crédits.
Parallèlement, le Conseil économique social et environnemental (CESE) préconise dans un avis qui doit être adopté mercredi de mieux organiser le marché du micro-crédit professionnel en France, qu'il juge très éclaté, en mettant notamment davantage à contribution les banques.