L'économie française a continué de créer des emplois au deuxième trimestre de cette année, avec 33.300 postes supplémentaires, mais le rythme s'est notablement ralenti sur fond de croissance en berne et semble insuffisant pour réduire le chômage de masse.
Selon l'Insee, 33.300 emplois en net ont été créés au deuxième trimestre dans les secteurs marchands non agricoles, en fort ralentissement sur le premier trimestre (78.300).
L'institut a nettement révisé en baisse sa première estimation pour le deuxième trimestre (qui était de 68.300) et en revanche a revu en hausse (de 21.100) celle du premier.
Au total, sur l'ensemble des six premiers mois de 2011, les entreprises ont créé 111.600 emplois. La hausse de l'emploi salarié a décéléré à 0,2% au deuxième trimestre, après 0,5% au premier.
Les statistiques de Pôle emploi -réalisées sur la base des entreprises affiliées à l'assurance chômage- corroborent ce ralentissement: 39.800 emplois créés, après 56.300 au premier trimestre.
L'Acoss, chargée du recouvrement des cotisations de la sécurité sociale, a, elle, relevé des créations plus dynamiques mais confirmé la tendance à la modération: 55.000 emplois, après 97.000.
Pour le ministre du Travail, Xavier Bertrand, ces chiffres sont "positifs" et "cohérents avec la baisse du taux de chômage". Il promet "une "mobilisation totale" du gouvernement sur l’emploi.
Pourtant, malgré ces nouveaux emplois créés - et du fait notamment d'une hausse de la population active en France, de l'ordre de 140.000 par an, liée à une natalité dynamique- le chômage n'a reculé que très faiblement de 0,1 point au deuxième trimestre et autant au premier, touchant à la fin juin 9,1% de la population active en France métropolitaine.
Plus grave, le nombre de demandeurs d'emploi sans aucune activité, qui avait reculé durant les quatre premiers mois de l'année, a depuis repris le chemin de la hausse atteignant fin juillet un plus haut depuis onze ans (2,756 millions de personnes).
Autre ombre au tableau: l'emploi industriel est retombé dans le rouge au deuxième trimestre (-2.900 postes), alors que ses effectifs avaient progressé de 4.300 le trimestre précédent, pour la première fois depuis dix ans.
Le ralentissement de l'emploi est en ligne avec la courbe de la croissance qui a été vive au premier trimestre (0,9%) et nulle au deuxième.
Le reste de l'année ne s'annonce pas rose, sur fond de crise de l'euro et de mesures anti-déficit. La Banque de France vient de réduire sa prévision pour le troisième trimestre (à 0,1%). L'OCDE n'a pas exclu une aggravation de la crise de la zone euro et revu également à la baisse ses prévisions pour la France au second semestre.
"Le chômage a baissé en France jusqu'au mois d'avril et depuis il est en hausse" et "la tendance reste à la hausse", estime Eric Heyer de l'OFCE, qui prévoit une aggravation de 0,2 ou 0,3 point du taux de chômage d'ici la fin de l'année, alors que le ministre du Travail espère le faire revenir sous la barre des 9%.
En cause, selon M. Heyer, une croissance à la fois "faible" et "pauvre en emploi" car les entreprises doivent "restaurer leur productivité et leurs marges". Ils lésineraient donc à embaucher.
Dès lors, les créations d'emploi ne seront pas suffisantes pour "absorber les nouveaux entrants sur le marché du travail", selon lui.
Bernard Ernst, directeur des études statistiques de Pôle emploi, relève aussi "le lien" entre le ralentissement des créations d'emploi et la conjoncture. Pôle emploi, qui publiera début octobre ses nouvelles prévisions de croissance et d'emploi, les reverra "à la baisse" et d'"une manière un peu plus pessimiste", indique-t-il.