La hausse du chômage a marqué une pause début 2010 pour la première fois en un an et demi mais l'Insee enregistre moins d'emplois stables et une aggravation croissante de la situation des seniors en plein débat sur les retraites, selon des chiffres publiés jeudi.
Au premier trimestre, le taux de chômage n'a pas augmenté par rapport au quatrième trimestre 2009 : il est resté "stable à un niveau élevé" à 9,5% de la population active en métropole et 9,9% avec les départements d'outre-mer (DOM), selon l'Insee qui s'attendait plutôt à une progression. C'est 2,3 points de plus qu'il y a deux ans.
En métropole, où l'on n'avait pas connu un chômage aussi massif depuis 1999, 2,7 millions de personnes ont entrepris des démarches actives de recherche d'emploi sans en trouver, dont près d'un demi-million âgées de 50 ans ou plus.
Le marché du travail, malgré une stabilisation, apparaît fragilisé par une "forte hausse du sous-emploi" (temps partiel subi, chômage partiel) et l'effritement continu de la part des emplois en CDI, note l'Insee.
Les entreprises n'ont "pas suffisamment de commandes pour embaucher", selon la CGPME (patronat).
"Plus généralement, écrit l'Insee, en France métropolitaine, 3,4 millions de personnes ne travaillent pas mais souhaitent travailler, qu'elles soient ou non disponibles dans les deux semaines et qu'elles recherchent ou non un emploi".
Début 2010, l'horizon a semblé se dégager légèrement pour les 15-24 ans, alors que les entreprises refont appel aux intérimaires et CDD. Près d'un quart des jeunes cherchant du travail sont au chômage (23%, contre 24,2% fin 2009).
Pour le gouvernement, "le repli du taux de chômage chez les jeunes reflète la relance de l'apprentissage, le retour à des taux de croissance positifs et le dynamisme de l'intérim".
D'importants budgets publics sont consacrés depuis 2009 à la relance de l'apprentissage, qui passe par une aide financière supplémentaire versée aux employeurs.
Le gouvernement semble prêt, malgré le gel annoncé des dépenses de l'Etat, à appliquer la même recette aux seniors et à consacrer de nouveaux moyens pour permettre aux employeurs recrutant des salariés âgés de payer zéro charge.
"Il faut arrêter de se voiler la face, les entreprises n'embauchent pas les seniors car ils coûtent trop cher", juge le secrétaire d'Etat à l'Emploi, Laurent Wauquiez.
Idéalement, a souhaité jeudi la CGPME, pour l'embauche d'un salarié de plus de 55 ans dans une PME de moins de 200 personnes, son salaire devrait être pris en charge dans une très large proportion par l'Etat via un Contrat initiative emploi (CIE).
Le taux de chômage des seniors a atteint au premier trimestre 6,6% (contre 4,9% début 2008), chiffre d'autant plus préoccupant qu'ils sont plus exposés au chômage de longue durée.
Campagnes de communication et plans gouvernementaux se succèdent depuis au moins cinq ans pour enrayer la tendance française à écarter les salariés à partir de 50 ans, mais sans amélioration notable.
Les plans de suppressions d'emploi continuent de toucher en priorité les plus âgés. Le taux d'accès à la formation professionnelle chute dès 43 ans.
Et la récente vague d'accords ou plans d'action pour l'emploi des seniors néglige le plus souvent l'embauche.
Comment le gouvernement peut-il décemment prétendre reculer l'âge de la retraite après 60 ans tant que ce problème n'est pas résolu, protestent depuis des mois les syndicats.
Le gouvernement a un raisonnement tout autre : reculer l'âge de départ inciterait les employeurs à investir davantage dans leurs quinquas, en prévoyant de les garder plus longtemps dans l'entreprise.