L'équipementier automobile Delphi a annoncé mercredi la suppression de 157 postes sur ses sites d'Illkirch (Bas-Rhin) et de Villepinte (Seine-Saint-Denis), a-t-on appris auprès de la direction, la CGT indiquant que 183 postes sont menacés au total.
Les emplois en question, dont la suppression a été annoncée lors de comités d'entreprise - 103 personnes à Illkirch-Graffenstaden (banlieue de Strasbourg) et 54 à Villepinte - seront délocalisés en Pologne, où la direction du groupe veut transférer son activité de recherche et développement (R&D), a expliqué à l'AFP la porte-parole de Delphi France, Malika Venezia.
Le site alsacien, le plus touché, emploie environ 140 salariés, principalement des ingénieurs.
Il s'agit d'un centre de R&D intégré dans la division électronique et sécurité.
"Tout va être fait pour faciliter la mobilité interne sur la base du volontariat", a souligné Mme Venezia.
Selon la CGT, à ces 157 postes dans la R&D voués à disparaître dans le cadre d'un Plan de sauvegarde de l'emploi (PSE) vont également s'ajouter 26 suppressions de postes dans le corporate, soit essentiellement des cadres au siège. Au total, ce sont donc 183 emplois qui sont menacés, selon le syndicat.
"On ne s'attendait pas à ce niveau de restructuration" a réagi Eric Deshayes, délégué syndical central de la CGT, premier syndicat du groupe. "Ils parlent de licenciements économiques. Mais les sites sont viables et ont fait plus de bénéfices que prévu. Ils avaient des nouveaux contrats qui arrivaient, qui étaient très importants et faisaient survivre largement le site".
"On combattra ce plan qu'on trouve complètement absurde par rapport aux comptes et complètement inapproprié", a-t-il déclaré à l'AFP.
Selon Jean-Yves Stévenin, également élu CGT, "sur la recherche et développement, il n'y a pour ainsi dire pas de justification économique", même si la direction met en avant la baisse du marché automobile en Europe et les difficultés de clients importants comme le constructeur PSA Peugeot Citroën.
"La raison affichée est de recentrer la R&D sur un seul site pour la région: celui de Cracovie en Pologne. C'est clairement une délocalisation", a-t-il ajouté.
Le maire (PS) d'Illkirch-Graffenstaden et président de la Communauté urbaine de Strasbourg, Jacques Bigot, a indiqué dans un communiqué qu'il voulait rencontrer la direction de l'entreprise pour lui demander des "explications". Observant que "la rentabilité du site d'Illkirch n’est pas remise en cause", il a dénoncé "le faux choix auquel la direction de Delphi semble vouloir placer le personnel menacé : le chômage ou un départ en Pologne".
Le groupe Delphi était l'équipementier intégré du constructeur automobile américain General Motors jusqu'en 1999, date à laquelle il est devenu indépendant.
L'entreprise, fondée aux Etats-Unis, emploie 3.600 salariés en France dans ses usines, centres de R&D et centres de service clients.
Implanté dans 30 pays, le groupe aux 104.000 salariés a réalisé un chiffre d'affaires de 16 milliards de dollars en 2011.