Les Bourses d'Asie baissaient fortement vendredi, entraînées par la lourde chute de Wall Street la veille et les craintes quant aux finances de plusieurs pays de la zone euro.
La monnaie unique européenne reculait dans le même temps à ses plus bas niveaux en huit mois face au dollar et au yen, les investisseurs se montrant de nouveau très réticents à la prise de risque.
La Bourse de Tokyo a terminé sur une chute de 2,89%. L'indice Nikkei 225 des valeurs vedettes a perdu 298,89 points (-2,89%) à 10.057,09 points, son plus bas niveau depuis le 10 décembre.
Il s'affiche en baisse de 1,38% sur la première semaine de février, et de 4,64% depuis le début de l'année.
L'indice élargi Topix de tous les titres du premier tableau a de son côté perdu 19,31 points (-2,12%) à 891,78 points.
La Bourse de Séoul a terminé sur un plongeon de 3,05% et Sydney, à son plus bas en trois mois, a reculé de 2,32%.
A la mi-séance, Hong Kong était en baisse de 2,91%. A 5h00 GMT, Shanghai cédait 1,78%, Bombay 2,26%, Taipei 4,48%, Kuala Lumpur 0,99% et Bangkok 1,65%.
"Les inquiétudes sont mondiales, le sentiment des investisseurs est plombé par les problèmes de dette de la Grèce, de l'Espagne et du Portugal", a expliqué Marcus Droga, directeur associé à Macquarie Private Wealth à Sydney, cité par Dow Jones Newswires.
Les Bourses de Madrid et Lisbonne ont plongé jeudi, respectivement de près de 6% et 5%, à cause de l'état des finances de l'Espagne et du Portugal.
Depuis plusieurs jours, observateurs et analystes s'inquiètent de l'état des finances publiques de ces deux pays, agitant l'épouvantail de la Grèce, dont les déficits et la dette publics sont si élevés que la Commission européenne a décidé mercredi de placer le pays sous une quasi-tutelle.
Au Japon, le marché était en outre entravé par la force du yen, qui s'échangeait à moins de 90 yens pour un dollar et de 123 yens pour un euro. Cette vigueur pénalisait les titres des industries exportatrices à la Bourse de Tokyo, dont la compétitivité est sapée par la cherté de la devise nippone.
La Bourse de New York a sombré pour sa part, jeudi, à son plancher depuis novembre, le Dow Jones perdant 2,61% et le Nasdaq 2,99%.
Outre les problèmes de dette en Europe, les investisseurs américains ont mal accueilli l'annonce d'une hausse inattendue du nombre de nouvelles inscriptions au chômage, à 480.000 la semaine dernière, ce qui laisse augurer de mauvaises statistiques mensuelles de l'emploi, qui doivent être publiées vendredi avant l'ouverture de Wall Street.
"L'augmentation des inscriptions au chômage aux Etats-Unis crée du souci quant aux perspectives de l'économie américaine", a écrit la Commonwealth Bank of Australia dans un rapport.
L'ensemble créait une atmosphère fébrile sur les marchés, prompts à guetter le moindre signe d'une rechute de l'économie mondiale à peine sortie de la récession provoquée par la crise financière.
"Ce que nous voyons est un vent de panique", a jugé Francis Lun, gestionnaire à Fulbright Securities à Hong Kong.
Certains analystes restaient toutefois prudents, considérant l'ampleur de la chute excessive.
"La réaction est exagérée", selon Ernie Hon, stratège à ICBC International, soulignant que les chiffres de l'emploi et de la production industrielle aux Etats-Unis pourraient être meilleurs que prévus et entraîner un rebond des Bourses.