Un temps épargnés par la chute des ventes en Europe, les constructeurs automobiles allemands se voient rattrapés par la morosité ambiante, laquelle a conduit Volkswagen et Daimler à réviser à la baisse leurs prévisions pour l'année 2012.
Les ventes de voitures neuves dans l'Union européenne, soumises à une conjoncture économique difficile qui freine l'achat de voitures, ont décliné de 7,1% depuis le début de l'année.
Cela a en premier lieu affecté les constructeurs généralistes très centrés sur le Vieux-Continent tels le français PSA Peugeot Citroën, l'italien Fiat ou l'allemand Opel, filiale du géant américain General Motors, tandis que les fabricants allemands s'étaient eux montrés jusqu'à présent particulièrement résistants.
Les difficultés en Europe du Sud notamment, se sont depuis étendues au marché allemand, qui a fini par marquer le pas à son tour. Sur les huit premiers mois de l'année, il s'est replié de 0,6%, là où l'Espagne a cédé 8,5%, la France 13,4% et l'Italie 19,9%.
Premier constructeur européen et prétendant au titre de numéro un mondial, Volkswagen a été le premier des groupes allemands à succès à laisser entendre que la crise des ventes européennes commençait à l'affecter.
Début septembre, le géant aux douze marques (VW, Seat, Skoda, Porsche, Audi, entre autres) a fait savoir qu'il avait procédé à des "ajustements minimes" de ses prévisions de ventes en 2012, "en raison de la persistance de tensions sur le marché d'Europe de l'Ouest".
Au niveau mondial, ses ventes restent très solides. Elles connaissent une progression de près de 19% sur un an en août grâce à l'Asie, l'Amérique du Nord et l'Europe de l'Est. Sur les huit premiers mois de l'année, Volkswagen a livré 10% de véhicules en plus (5,9 millions d'unités).
Jeudi, c'était au tour de Daimler, constructeur des voitures haut de gamme Mercedes-Benz et des petites citadines Smart, d'annoncer une mauvaise nouvelle. Le groupe de Stuttgart (ouest) s'attend désormais à un résultat d'exploitation en 2012 inférieur à celui de 2011 dans sa branche automobile, soit 5,2 milliards d'euros.
Son patron Dieter Zetsche a évoqué des conditions économiques difficiles, un marché faible en Europe et une concurrence très intense en Chine.
Selon le quotidien allemand Financial Times Deutschland, M. Zetsche entend lancer un programme d'économies d'environ un milliard d'euros chez Mercedes, des informations que Daimler n'a pas souhaité commenter.
Pour les analystes de Citi, "Mercedes est simplement en train d'accepter la réalité, à savoir que les marges ont atteint un sommet, que la demande ralentit et que la pression sur les prix s'accroît".
La chute du marché européen n'a rien de nouveau, même pour les constructeurs haut de gamme, affirme Christoph Stürmer, analyste automobile du cabinet IHS Global Insight, interrogé par l'AFP.
"Mais les constructeurs premium ainsi que les constructeurs généralistes qui sont présents partout dans le monde ont réussi à compenser la crise des ventes en Europe avec leur activité internationale", souligne-t-il.
Selon lui, ce n'est pas tant la situation que la communication des groupes qui a changé. Ces derniers préparent les investisseurs avant les prochains résultats trimestriels et montrent qu'ils acceptent de voir baisser leurs volumes.
Dans ce contexte, "l'avertissement sur résultat de Daimler pourrait être un signe avant-coureur de mauvaises nouvelles en provenance d'autre groupes automobiles", estime Frank Schwope, de la banque Nord/LB.
Pour autant, pas d'inquiétude à avoir sur le long-terme pour Volkswagen et sa marque Audi, ni pour BMW et Mercedes-Benz, très présents en Chine et aux Etats-Unis.
D'ailleurs, BMW a confirmé jeudi ses prévisions annuelles.
"Le passé a montré que les constructeurs haut de gamme remontent toujours plus vite la pente que les généralistes", relève M. Stürmer. Et après une petite pause de croissance cette année, Volkswagen devrait croître de plus belle en 2013, assure-t-il.