Les dirigeants européens se sont mis d'accord dans la nuit de jeudi à vendredi pour mobiliser environ huit milliards d'euros pour engager la lutte contre le chômage des jeunes lors d'un sommet parasité par des négociations sur le budget imposées par le Britannique David Cameron.
Sans surprise, les 27 ont accepté le déblocage accéléré des six milliards d'euros prévus dans le budget européen 2014-2020 pour lutter contre le chômage des jeunes. Cette "Initiative pour la jeunesse" concerne les régions les plus frappées par le chômage des jeunes, soit 13 pays.
Ils utiliseront cette enveloppe principalement en 2014 et en 2015, a indiqué le président du Conseil européen, Herman Van Rompuy, lors d'une conférence de presse concluant cette première journée de sommet. Les principaux bénéficiaires devraient être l'Espagne, la Grèce, l'Italie et la France la première année, a précisé un diplomate européen.
Mais les Européens ont été plus loin que prévu, en décidant de puiser également dans des fonds inutilisés, ficelant ainsi un plan un peu plus ambitieux que prévu.
Grâce à la flexibilité décidée dans la gestion du budget 2014-2020, la somme destinée à aider les jeunes "sera bien plus importante que six milliards d'euros. Elle devrait au moins s'élever à huit milliards d'euros, selon les projections", a affirmé M. Van Rompuy.
"Il a été décidé que toutes les marges de manœuvre supplémentaires qui pourront être dégagées à partir de 2015-2016 (dans le budget européen) seront affectées prioritairement à la lutte contre le chômage des jeunes", a pour sa part expliqué le président français, François Hollande.
Cette somme va notamment servir à traduire en actes la "Garantie pour la jeunesse", qui prévoit de proposer une formation ou un emploi dans les quatre mois après la fin de ses études ou la perte de son emploi à un jeune.
La chancelière allemande Angela Merkel s'est toutefois voulue réaliste. "Il est faux de penser que dans un an et demi, les quelque six millions de jeunes sans emploi bénéficieront de cette mesure, mais nous devons montrer année après année que nous faisons des progrès", a-t-elle déclaré.
A moins de trois mois des élections allemandes pour lesquelles elle brigue un troisième mandat, Mme Merkel s'était rendue au sommet en déclarant refuser de "créer de nouvelle enveloppes financières".
Le président du Parlement européen, le social-démocrate Martin Schulz, avait toutefois exhorté les dirigeants à "ne pas perdre de temps et agir maintenant".
"La lutte contre le chômage des jeunes est un test pour notre crédibilité", a-t-il lancé jeudi lors d'une conférence de presse.
Plus de 26 millions de personnes sont au chômage en Europe, dont 5,6 millions de moins de 25 ans. La situation est alarmante dans certains pays comme la Grèce et l'Espagne, où plus d'un jeune sur deux est sans emploi, faisant craindre l'émergence d'une "génération perdue".
Les discussions ont toutefois été parasitées par les demandes britanniques concernant la sauvegarde de leur rabais dans le budget 2014-2020. Londres craignait en effet que le nouveau mode de financement de la Politique agricole commune (PAC) ne réduise légèrement l'assiette, et donc le montant de la ristourne britannique.
Mais d'autres pays, comme la France, s'inquiétaient de devoir contribuer davantage si le Royaume-Uni obtenait satisfaction.
Au final, "rien de changé pour le rabais britannique", a affirmé M. Van Rompuy. "Il est absolument essentiel que nous maintenions l'accord que nous avons eu en février", a-t-il estimé
Mais cette irruption du débat sur le chèque britannique a irrité. "C'est scandaleux qu'un sommet européen soit une nouvelle fois pris en otage par Cameron", a réagi un diplomate européen. "C'est une opération indigne d'un chef d'Etat", a-t-il ajouté.
Quelques heures avant l’ouverture du sommet, un accord politique avait été trouvé entre les présidents de la Commission, de l'UE et du Parlement européen pour approuver les montants du budget 2014-2020: 960 milliards en engagements et 908 en paiement. Il doit encore être approuvé par une majorité qualifiée des 754 députés européens, mais les deux principaux groupes du Parlement se dirigent vers son approbation.
Vendredi, les dirigeants feront le point sur la construction de l'union bancaire, après l'accord trouvé dans la nuit de mercredi à jeudi sur la manière de restructurer ou de liquider les banques en difficultés en épargnant les contribuables.
Côté diplomatie, ils doivent donner officiellement le feu vert à l'adhésion de la Croatie qui, le 1er juillet, deviendra le 28e Etat membre de l'UE. Ils pourraient aussi se prononcer sur une date pour ouvrir les négociations d'adhésion de la Serbie.