Les Européens se sont efforcés vendredi de calmer les craintes des marchés, qui s'inquiètent pour l'Irlande, alors que la situation budgétaire de ce pays fait craindre de plus en plus le recours à un plan de sauvetage comme celui adopté au printemps pour la Grèce.
Les ministres des Finances des cinq principaux pays de l'UE (Allemagne, France, Royaume-Uni, Italie et Espagne), ont publié vendredi, en marge du sommet du G20 à Séoul, une déclaration conjointe pour tenter de ramener la confiance.
Après cette déclaration, les taux d'emprunt irlandais, qui avaient atteint des plus hauts historiques jeudi, connaissaient une très nette détente vendredi.
"Nous n'avons pas reçu de demande du gouvernement irlandais pour quelque soutien financier que ce soit", a réaffirmé de son côté vendredi un porte-parole de la Commission. Et le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, s'était voulu rassurant lui aussi jeudi, en affirmant depuis Séoul qu'"en cas de nécessité", l'Union européenne était "prête à soutenir l'Irlande".
Le ministre des finances irlandais Brian Lenihan a salué vendredi la "solidarité" exprimée par ses partenaires européens et "la clarification apportée par les ministres des Finances de l'UE".
Dans leur texte, les ministres des Finances ne citent pas l'Irlande, mais rappellent l'état des discussions entamées au niveau européen sur un futur Fonds de secours permanent pour la zone euro, en précisant qu'elles ne concernent en rien la situation actuelle de certains pays endettés.
"Tout nouveau mécanisme n'entrera en vigueur qu'après la mi-2013, sans aucun impact quel qu'il soit sur les dispositions actuelles", indique ce texte.
Une façon de rassurer les marchés, dont les craintes ont augmenté ces derniers jours concernant la capacité de l'Irlande à juguler ses déficits abyssaux, mais aussi, dans ce contexte, concernant la mise en place éventuelle d'une sorte de mise en faillite d'un Etat européen.
Les dirigeants de l'UE se sont mis d'accord fin octobre pour mettre en place un mécanisme permanent de secours pour les pays de la zone euro en difficulté à partir de 2013.
Il prendrait le relais d'un Fonds de secours provisoire, mis en place au printemps suite à la crise grecque, pour une durée de trois ans.
Le nouveau mécanisme doit encore faire l'objet de propositions détaillées de la Commission européenne en décembre.
Mais les pays de l'UE envisagent qu'à l'avenir les investisseurs privés supportent aussi sous une forme ou une autre une partie du coût d'éventuels sauvetages, éventuellement via une procédure de restructuration des dettes publiques.
Or cette option, soutenue par l'Allemagne et la France principalement, a suscité des craintes des marchés. Elle a aussi entraîné des critiques du président de la Banque centrale européenne (BCE) Jean-Claude Trichet, de certains pays comme l'Espagne ou du chef de file des ministres des Finances de la zone euro, Jean-Claude Juncker.
Ils y voient un risque d'accroître la réticence des banques et investisseurs à prêter des fonds aux Etats de la zone euro les plus fragiles, et que cela les conduise à augmenter les taux d'intérêt qu'ils exigent pour cela, pour tenir compte du risque.
Dès son annonce, ce projet avait entraîné une poussée des taux obligataires de pays comme l'Irlande, mais aussi la Grèce et le Portugal.
Le ministre allemand des Affaires Etrangères Guido Westerwelle s'est voulu lui aussi rassurant vendredi. "D'ici 2013 il n'y aura aucune participation des investisseurs privés", a-t-il fait valoir.