Les immatriculations de voitures neuves se sont effondrées en France en octobre, conséquence de la disparition progressive de la prime à la casse, et la situation ne va pas s'améliorer d'ici la fin de l'année.
Elles ont reculé de 18,7% sur un an à 171.449, selon des chiffres publiés mardi par le Comité des constructeurs français d'automobiles (CCFA).
C'est la sixième baisse consécutive depuis mai et la plus forte, qui traduit la diminution progressive du montant de la prime à la casse instaurée début 2009. Cette dernière est passée progressivement de 1.000 euros l'an dernier à 700 euros en janvier, puis à 500 euros en juillet et doit disparaître à la fin 2010.
"Ca va être la même chose en novembre et décembre", pronostique Gaétan Toutemonde, analyste chez Deutsche Bank. En fin d'année dernière, les clients s'étaient précipités chez leurs concessionnaires pour profiter à plein de la prime à la casse et les immatriculations s'étaient alors envolées.
Mais pour cette année, les analystes ne tablent pas sur un effet d'aubaine avant la disparition de la prime à la casse le 31 décembre.
Du coup, le marché revient à ses niveaux d'avant-crise. "On est à un niveau presque normal pour un mois d'octobre", commente l'analyste Bertrand Rakoto, alors que la moyenne des immatriculations sur ce mois tournait autour de 175.000 immatriculations entre 2003 et 2007, avant la crise.
Sur les dix premiers mois de l'année, les immatriculations de voitures neuves ont reculé de 1,4% à 1,83 million et le CCFA table toujours sur des ventes en 2010 autour de 2 millions d'unités, en recul d'environ 10% par rapport à 2009 où les immatriculations avaient atteint un niveau jamais vu depuis 1990.
Le mois dernier, les ventes de marques françaises ont reculé de 19,8%, leur part de marché atteignant 54,7% et celles des marques étrangères ont baissé de 17,4%. Personne n'a été épargné, à l'exception du sud-coréen Hyundai, du japonais Nissan et de l'allemand Audi, qui ont connu une légère progression.
Les immatriculations de PSA Peugeot Citroën sont en baisse de 17,3% et celles de Renault de 21,9% à jours ouvrables comparables. Pour la première fois depuis le début de l'année, les immatriculations de Dacia (Logan, Sandero, Duster), le constructeur roumain dont Renault a fait sa marque low-cost, s'inscrivent en baisse de 13,2%.
Les immatriculations de véhicules utilitaires légers s'inscrivent en revanche en hausse de 15,7% au mois d'octobre, preuve que "l'activité économique a tenu" selon François Roudier, porte-parole du CCFA.
Le marché français se maintient mieux que ses voisins européens, comme l'Espagne ou l'Allemagne qui ont beaucoup souffert mais "qui devraient mieux s'en sortir à priori en 2011, alors que le marché français devrait être moribond", avertit un analyste de CM-CIC ne souhaitant pas être cité.
Signe de cette inquiétude, l'envoi la semaine dernière d'un courrier cosigné par la ministre de l'Economie Christine Lagarde, le ministre de l'Industrie Christian Estrosi et le secrétaire d'Etat à l'Emploi Laurent Wauquiez qui appellent les préfets à renforcer les mesures d'aides à la filiale automobile.
Le gouvernement table sur une dégradation du marché automobile européen qui devrait perdurer "au moins jusqu'à la fin du premier trimestre 2011, où le marché européen devrait renouer avec la croissance", une situation qui fait craindre des faillites en série chez les sous-traitants en France.