Laure Manaudou et le gel douche Cadum, Alain Bernard et EDF, Camille Lacourt en caleçon bio demain ? Avec leurs corps sculpturaux et leurs exploits sportifs, les nageurs français sont devenus de nouvelles "icônes éthiques" de la publicité.
Encore peu médiatisé en France il y a dix ans, ce sport pourtant "universel", intimement lié à la planète bleue, surfe aujourd'hui sur les performances de ses nageurs, parvenus au sommet de la compétition internationale, dont l'image, plus saine que glamour, intéresse de plus en plus les sponsors.
Depuis Laure Manaudou, première nageuse française a avoir décroché l'or olympique à Athènes en 2004 (sur 400 m nage libre) qui a énormément contribué à rendre populaire la natation en France, Alain Bernard, triple médaillé des jeux de Pékin, Frédérick Bousquet, triple médaillé mondial, et quelques autres ont fait appel à un agent, voire un avocat, pour la gestion de leur image.
Egérie de Lancel pendant un temps, Laure Manaudou, qui vient d'être maman, prête depuis mercredi son visage de championne olympique en bonnet de bain à la marque Cadum, spécialiste des produits d'hygiène, notamment pour bébés.
"Les nageurs sont très beaux mais difficiles à habiller pour les maisons de couture. La natation ça développe les épaules ! C'est leur corps en tant qu'instrument de performance, de dépassement de soi-même, de modèle de santé et d'hygiène qui intéresse", commente à l'AFP Jean-Jacques Picart, consultant mode et luxe auprès du groupe LVMH notamment.
"Ce sont des sortes d'icônes éthiques qui incarnent des valeurs", ajoute-t-il, estimant d'ailleurs que dans la publicité, "les muses de demain, quelle que soit la marque, seront porteuses de valeurs avant d'être belles". Et de citer déjà pour la mode Charlotte Gainsbourg, actuelle égérie de Balenciaga, pour son "authenticité".
Pour Anne-Laure Meynial-Coumaros, responsable du pôle image France à la direction de la communication d'EDF, Alain Bernard incarne effectivement des "valeurs", qu'elle dit être "celles de l'entreprise : l'effort, le dépassement de soi, l'éthique, le respect de l'autre".
Pour sa dernière campagne de publicité sur un meilleur contrôle de la consommation d'énergie, EDF travaille avec une vingtaine d'autres sportifs de haut-niveau rattachés aux sports aquatiques, l'eau étant l'élément "correspondant le plus à son activité industrielle".
Mais Robert Leroux, agent et ami d'Alain Bernard, dit "veiller à ce qu'il n'y ait pas de distorsion entre ce qu'est vraiment le nageur et l'image qu'il donne de lui". Il dit "refuser nombre de contrats, en raison du manque de disponibilité du champion mais aussi parce que parfois la proposition ou l'intervention médiatique ne correspond pas à ses valeurs". Cumulés, ces contrats représentent "environ 500.000 euros de recettes par an, soit 1,5 fois le salaire mensuel d'un footballeur" vedette, souligne-t-il.
Grâce au brillant palmarès des nageurs, confirmé en partie cette semaine aux championnats d'Europe à Budapest, et à l'évolution des images télévisuelles sous-marines spectaculaires "qui magnifient incontestablement l'esthétique de ce sport", on est passé, dit M. Leroux, "de la natation contrainte - savoir nager pour ne pas se noyer - à une natation agréable, synonyme de santé".
Et pour cet ancien sportif de haut-niveau, l'impact de cette "révolution" est à tout point de vue "positif" y compris pour le mental des nageurs.