L'explosion du chômage, souci numéro un des Français, s'est poursuivie au deuxième trimestre pratiquement au même rythme qu'au premier, malgré l'extension du chômage partiel limitant provisoirement la casse.
Selon l'Insee, 9,1% de la population active était touchée (+0,6 point après +0,7 point au 1er trimestre) et 9,5% avec les départements d'outre-mer. Le taux de chômage est ainsi remonté au niveau atteint début 2006, effaçant toute la baisse observée en 2006 et 2007 avant et après l'élection présidentielle.
La France comptait près de 2,6 millions de chômeurs au 2ème trimestre. Elle était passée sous la barre des 2 millions début 2008.
Parallèlement, l'Insee a noté un nombre croissant d'établissements placés en chômage partiel: 319.000 salariés au 2ème trimestre, soit un niveau "équivalent à 1993".
Craignant que ce fragile ajustement ne suffise pas, le gouvernement a relevé jeudi par arrêté ministériel le contingent annuel d'heures de chômage partiel autorisé, à la demande du patronat et d'une majorité de syndicats.
Désormais et jusqu'à nouvel ordre, tous les secteurs d'activité ont le droit, comme dans la filière automobile plombée par la crise, de pratiquer jusqu'à 1.000 heures de chômage partiel sur l'année (soit plus de six mois).
Le chômage partiel, dont l'indemnisation a un coût pour l'Etat, permet de maintenir le contrat de travail au prix d'une perte de revenu pour le salarié.
Seulement une douzaine de branches ont signé début août (ou étaient en passe de le faire) une convention avec l'Etat permettant le maintien de 75% du salaire brut en cas de chômage partiel, selon une source gouvernementale.
"La tendance à la dégradation du marché du travail devrait encore se poursuivre quelques trimestres" selon le gouvernement et l'Insee prévoit pour Noël un taux de chômage supérieur à 10%, comme en 1999 avant les lois sur les 35 heures.
Tôt ou tard cela devrait peser sur la consommation des ménages, principal moteur de l'économie française, moins faiblement exportatrice que l'Allemagne, estiment les économistes, qui y voient "une très grande menace" (Xerfi) et la preuve d'un marché du travail français "très flexible" voire "américanisé" (Asteres).
Un sondage TNS/Sofres réalisé fin août et publié jeudi par Metro a confirmé, si besoin était, que parmi les événements de la rentrée, l'évolution du chômage et les plans sociaux sont la première préoccupation des ménages, devant la grippe et la taxe carbone.
En déplacement chez un sous-traitant automobile à Caligny (Orne), Nicolas Sarkozy a fustigé le manque de "fair-play" des dirigeants américains de Molex, dont le gouvernement n'arrive pas à infléchir la décision de fermer et licencier 283 personnes en octobre. Les salariés "ne sont pas des marchandises", a-t-il lancé, promettant la tenue d'états généraux de l'industrie.
Aucune tranche d'âge n'est épargnée par le chômage, mais les entreprises ayant refermé le robinet à intérim et CDD, principal marchepied pour s'insérer dans la vie active, ce sont les jeunes qui payent le plus lourd tribut à la crise.
Alors que les 15-24 ans cherchant du travail auraient dû profiter à plein du retournement démographique et des postes laissés vacants par les nombreux retraités, leur taux de chômage a atteint 23,9% au 2ème trimestre en métropole (+1,6 point en trois mois, +5,2 points en un an voire +6 pour les hommes).
En pleine rentrée scolaire, l'économiste Philippe Askenazy (Ecole normale supérieure) conseille d'ailleurs de prolonger ou reprendre une scolarité, plutôt que de subir un déclassement en début de carrière, difficilement rattrapable ensuite.