Les Islandais ont commencé à se rendre aux urnes samedi pour se prononcer sur l'impopulaire accord financier Icesave, considéré comme un diktat anglo-néerlandais, qu'ils devraient rejeter à une très large majorité selon les derniers sondages.
Quelque 230 000 électeur ont été convoqués à ce premier référendum depuis l'indépendance du pays en 1944 et les premiers résultats sont attendus peu après la fermeture des bureaux à 22h00 GMT.
Le texte soumis à la consultation est un accord organisant le remboursement d'ici à 2024 par Reykjavik de 3,9 milliards d'euros avancés par Londres et La Haye pour indemniser leurs citoyens lésés par la faillite de la banque sur Internet islandaise Icesave en octobre 2008.
Ses opposants soulignent qu'il est injuste de faire peser une facture aussi lourde -près de 100 euros par habitant et par mois pendant huit ans- sur les épaules d'un pays ruiné par l'effondrement de ses banques.
"Je vote non, tout simplement parce que je suis en désaccord total avec l'idée que nous, ou la nation, ayons à porter le fardeau", explique Ingimar Gudmunsson, un chauffeur de camion de 57 ans venu voter malgré le crachin matinal.
Des manifestations contre l'accord sont prévues à Reykjavik samedi, le principal rassemblement étant attendu devant le Parlement dans l'après-midi.
"Cet accord est inacceptable pour toute nation souveraine", s'indigne Magnus Arni Skulason, membre fondateur d'Indefence, un collectif qui a rassemblé près de 60.000 signatures contre le texte début janvier, poussant le président islandais Olafur Ragnar Grimsson à convoquer un référendum contre le Parlement qui avait approuvé cette loi.
"C'est un accord obtenu sous la contrainte, avec des menaces du Royaume-Uni et des Pays-Bas, qui ont utilisé leur influence au FMI et au sein de l'Union européenne contre l'Islande", dénonce-t-il.
Selon les analystes, la principale conséquence d'un "non" serait de retarder le versement de prêts provenant du FMI et des pays nordiques. Mais il pourrait aussi affaiblir un gouvernement déjà critiqué pour consacrer trop de temps à Icesave ou même entraver la candidature de l'Islande à l'UE.
La perspective quasi-inévitable d'un non a poussé Reykjavik à tenter ces dernières semaines -jusque-là en vain- de trouver un nouvel accord avec Britanniques et Néerlandais.
Le ministre islandais des Finances Steingrimur Sigfusson a indiqué vendredi soir avoir reçu des garanties des deux pays que les discussions pourraient se poursuivre après le référendum.
Paradoxalement, l'Islande a obtenu lors des toutes dernières négociations une meilleure offre que le texte soumis au vote, amenant le gouvernement islandais à considérer ce référendum comme "sans signification" car sur un texte "obsolète".
Johanna Sigurdardottir, la dirigeante du premier gouvernement de gauche de l'Islande arrivé au pouvoir il y a un an, a dit publiquement qu'elle ne voterait pas, imitée vendredi soir par son ministre des Finances.
Le président islandais Grimsson a en revanche défendu son utilité.
"La décision de convoquer un référendum a déjà eu pour résultat que les Britanniques et les Néerlandais se sont crus obligés d'introduire une meilleure offre", a-t-il souligné.