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Londres se rêve en capitale de la finance islamique

Publié le 29/10/2013 14:45

Londres, première ville hors du monde musulman à accueillir jusqu'à jeudi le Forum islamique économique mondial (WIEF), se rêve en capitale de la finance islamique, un secteur en plein essor qui constituerait un débouché bienvenu pour la City.

"Londres est déjà le plus grand centre pour la finance islamique hors du monde musulman. Et notre ambition est aujourd'hui d'aller plus loin", a déclaré mardi le Premier ministre britannique David Cameron devant plus de 1.800 responsables économiques et politiques, dont de nombreux chefs d'États et de gouvernement, réunis à Londres pour la neuvième édition de ce "Davos" du monde musulman.

"Car je ne veux pas que Londres soit seulement une grande capitale de la finance islamique dans le monde occidental, je veux que Londres soit avec Dubaï et Kuala Lumpur l'une des grandes capitales de la finance islamique dans le monde", a lancé le dirigeant conservateur.

"Investir à Londres est bon pour vous et ouvrir Londres à vos investissements est bon pour nous", a-t-il insisté.

Ville phare de la finance mondiale, Londres et sa City pèsent déjà dans le secteur : plus de 20 banques britanniques offrent des produits financiers islamiques tandis que 49 obligations islamiques ("sukuk") ont été cotées depuis cinq ans à la Bourse de Londres, pour une valeur de 34 milliards de dollars.

Mais ce montant n'est qu'une minuscule part du gâteau. Le secteur de la finance islamique, qui a enregistré un bond de 150% depuis 2006, devrait représenter 1.300 milliards de dollars l'an prochain, selon le gouvernement britannique.

La finance islamique regroupe l'ensemble des opérations et produits financiers conformes à la charia qui interdit les intérêts, la spéculation et tout investissement dans des secteurs considérés "haram" (illicites) comme l'alcool, les paris ou la pornographie...

Un sukuk émis par le Trésor et un indice des valeurs islamiques

Concrètement, la volonté de Londres de s'imposer comme l'une des places-fortes de la finance islamique passera notamment par l'émission par le Trésor britannique d'un "sukuk", pour la première fois dans un pays non musulman. D'un montant de 200 millions de livres (234 millions d'euros), le titre de dette souveraine conforme aux principes islamiques pourrait être mis sur le marché l'an prochain.

Les "sukuk" sont adossés à des actifs dont la performance rémunère l'apport en capital afin de contourner le principe de l'intérêt.

Le ministre des Finances, George Osborne, espère que cette émission "agira comme un catalyseur" en attirant des investissements et en incitant les entreprises britanniques à suivre cette voie pour lever des fonds.

Pour le monde musulman, l'émission prévue de ce sukuk par Londres est "une décision bienvenue", a jugé le président afghan Hamid Karzaï, selon qui la finance islamique peut jouer un rôle de "renforcement des valeurs éthiques et morales" dans la finance mondiale après la crise.

Le Premier ministre pakistanais Nawaz Sharif s'est lui félicité que la finance islamique ne soit "plus confinée au monde musulman".

"Autre grande première mondiale pour la City", selon M. Cameron, la Bourse de Londres va lancer un indice islamique qui réunira les entreprises répondant aux principes d'investissement de l'islam.

"Quand la finance islamique croît 50% plus rapidement que le secteur bancaire traditionnel (...) nous voulons être sûrs qu'une grande proportion de ces nouveaux investissements est réalisée ici en Grande-Bretagne", a poursuivi le Premier ministre britannique, balayant les craintes face aux investissements étrangers.

"L'investissement étranger crée de la richesse, des emplois et aide à créer de la croissance", a martelé M. Cameron dont le gouvernement s'est fixé pour priorité de renforcer les échanges avec les puissances émergentes. Cette posture a été démontrée à la faveur de l'opération séduction menée il y a deux semaines en Chine par le ministre des Finances George Osborne.

A Londres, le paysage a déjà été métamorphosé par la finance islamique. Le Shard, flèche de verre réalisée par l'architecte italien Renzo Piano et dominant la Tamise du haut de ses 310 mètres, a été financé par le Qatar en partie grâce à des montages financiers conformes à la charia. Tout comme le village olympique construit pour les JO de Londres l'an dernier.

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