La plupart des places européennes, qui avaient salué en matinée par une forte hausse l'aide aux banques espagnoles consentie ce week-end par l'UE, ont fini lundi en baisse, les questions sur les modalités de sa mise en place refroidissant les investisseurs.
"Des détails sur les modalités ont été présentés et des sceptiques ont fait remarquer que le gouvernement espagnol avait lui aussi besoin d'un plan de sauvetage", a noté Lindsey Piegza, de FTN Financial.
"La taille de l'enveloppe d'aide est près de deux fois supérieure à ce que recommandait le FMI, donc on s'est demandé si ce plan ne cachait pas un autre but caché" tel que le renflouement de Madrid, a-t-elle ajouté.
L'optimisme du matin - Madrid avait même ouvert à +4,55% - s'est essoufflé en cours de journée et, à la clôture, Paris perdait 0,29%, Londres 0,05%, Madrid 0,54%. Rare exception, Francfort a terminé dans le vert (+0,17%). Milan chutait lourdement, de 2,79%.
"Alors que les problèmes des banques espagnoles sont moins criants avec les 100 milliards d'euros qui pourraient leur être accordés, la ligne de mire se déplace" et le marché "attaque autre chose et donc l'Italie", commente un analyste financier milanais sous couvert de l'anonymat.
Wall Street a également clôturé en baisse, le Dow Jones perdant 1,14%.
Sur le marché de la dette, le taux à 10 ans de l'Espagne a inversé la tendance après un début de séance favorable, et remontait à nouveau nettement, atteignant 6,487% vers 18H00 (16H00 GMT).
L'Italie connaissait un sort similaire: en fin d'après-midi, le taux à 10 ans du pays repassait au-dessus des 6%. Ce qui est signe de la méfiance des investisseurs à l'égard des deux pays.
Optimistes après l'annonce de l'aide européenne à l'Espagne, les marchés ont été gagnés par l'incertitude sur les modalités de sa mise en place.
"Il n'y a pas mal d'inconnues et de zones d'ombre sur le fonctionnement du plan, notamment sur des questions techniques", explique Renaud Murail, gérant chez Barclays.
Le prêt européen, via le fond de secours, pourra atteindre 100 milliards d'euros et sera injecté dans le fonds public espagnol d'aide au secteur bancaire (Frob), qui attribuera ensuite cet argent aux banques qui le demandent.
Les incertitudes portent en particulier sur le taux accordé au pays, le quatrième après l'Irlande, le Portugal et la Grèce à bénéficier d'un renflouement de l'Union monétaire, et le montant qui sera prêté, ainsi que sur le fait de savoir qui du FESF (fonds de secours actuel) ou du MES (qui va entrer prochainement en vigueur) versera l'aide.
Un autre motif de prudence était l'approche des élections à haut risque en Grèce, dimanche 17 juin, au cours desquelles le pays joue sa survie dans la zone euro.
La droite conservatrice, qui se dit garante du maintien du pays dans l'Union monétaire, et la gauche radicale, qui surfe sur la vague anti-rigueur, sont au coude à coude, d'après les sondages, pour prendre les rênes d'un pays surendetté de 11 millions d'habitants, devenu le maillon faible de l'UE.
"La crise en Espagne et les perspectives de sortie de la Grèce de la zone euro après les élections du 17 juin vont cette semaine dominer" le marché, préviennent les analystes du cabinet de consultants Phillip Futures.
L'euro faisait également les frais de cette prudence et repartait à la baisse face au dollar. Vers 21H00 GMT, il valait 1,2483 dollar, contre 1,2514 vendredi soir à 21H00 GMT, après avoir atteint 1,2602 dollar dans la matinée.