Les créanciers du Portugal ont manifesté leur disponibilité pour adapter le plan de sauvetage du pays à la conjoncture économique, a indiqué un député de la majorité gouvernementale à l'issue d'une rencontre avec la troïka représentant les bailleurs de fonds du pays.
"La troïka a manifesté sa flexibilité pour que le programme soit adapté aux conditions de l'économie et à son évolution depuis que le mémorandum a été signé en mai 2011", a déclaré le député Miguel Frasquilho, vice-président du groupe parlementaire du PSD (Parti social démocrate, centre-droit).
De son côté, le député Adolfo Mesquita Nunes du parti de droite CDS, partenaire dans la coalition gouvernementale de centre-droit, a affirmé que son parti avait expliqué à la troïka (Banque centrale européenne, Union européenne et Fonds monétaire international) que le pays ne pouvait plus supporter une "aggravation de la charge fiscale".
Le CDS n'a toutefois pas "demandé plus de temps ou plus d'argent", car il estimé nécessaire de suivre le plan de sauvetage actuel "afin d'éviter de prolonger le programme", a-t-il ajouté.
A Bruxelles, la Commission européenne n'a pas souhaité commenter ces déclarations "tant que la mission (de la troïka) est en cours".
Cette cinquième mission d'évaluation du plan d'aide au Portugal, commencé mardi doit durer environ deux semaines. Elle intervient alors que le gouvernement, qui s'était engagé à ramener le déficit public à 4,5% du PIB à la fin de l'année et à 3% l'année prochaine, peine à respecter ses engagements en raison notamment d'une chute des recettes fiscales.
Face à cette situation, de nombreux analystes et les partis de l'opposition de gauche ont réclamé plus de souplesse dans l'application du plan de sauvetage.
"Nous avons dit à la troïka que les choses ne se passent pas bien et l'avons interrogée sur la possibilité d'apporter des ajustements" axés sur des mesures destinées à favoriser la croissance, a affirmé de son côté le député socialiste Pedro Marques qui a participé avec tous les partis représentés au parlement à la rencontre.
"Le Portugal a besoin d'interrompre cette spirale d'austérité, qui pèse sur les gens avec des mesures qui plombent l'économie et nous éloignent de nos objectifs budgétaires", a-t-il ajouté.
Jusqu'à présent, le gouvernement de centre-droit a toujours indiqué qu'il ne demanderait "ni plus de temps, ni plus d'argent" pour mettre en oeuvre le programme d'aide.
En échange d'un prêt de 78 milliards d'euros, le Portugal s'était engagé à appliquer une sévère cure de rigueur afin de relancer son économie et assainir ses finances.
Mais ce programme d'austérité a plongé le pays dans la récession, avec une contraction de 3% du PIB prévue cette année, et un chômage record, à plus de 15%.
La Confédération européenne des syndicats (CES) a pour sa part demandé à la troïka de "changer radicalement d'approche", dans un communiqué publié mardi à Bruxelles, estimant que "l'austérité et les coupes d'austérité à répétition" au Portugal avaient révélé leur "inefficacité".