L'Ukraine, un des plus gros exportateurs mondiaux de céréales, frappée par la canicule, a annoncé mardi d'importantes restrictions sur ses exportations, peu après un embargo similaire de la Russie qui a fait flamber les prix du blé sur les marchés mondiaux.
"Nous proposons de permettre (d'exporter) 2,5 millions de tonnes d'ici à la fin de l'année" ainsi qu'un million de tonnes de céréales se trouvant déjà dans les ports ukrainiens, a déclaré le ministre de la Politique agraire Mykola Pryssiajniouk.
La question sur l'introduction des quotas à partir du 1er septembre sera examinée mercredi au conseil des ministres, a-t-il précisé.
"Selon toute vraisemblance, cette décision sera prise", a dit à l'AFP estimé Sergui Feofilov, directeur du centre d'analyse Ukragroconsult.
L'Ukraine, premier fournisseur mondial d'orge et sixième de blé réputé pour ses terres noires très fertiles, est le troisième exportateur mondial de céréales, à égalité avec la Russie et derrière les Etats-Unis et l'Union européenne.
Entre juillet 2009 et juin 2010, cette ex-république soviétique a vendu 21,5 millions de tonnes de grains, dont 6,2 millions de tonnes d'orge, 9,1 millions de tonnes de blé et 5,3 millions de tonnes de maïs.
Alors que depuis le 1er juillet, l'Ukraine a déjà exporté 2,69 millions de tonnes de céréales, le ministère de la Politique agraire propose de limiter les ventes d'orge à 1 million de tonnes et celles de blé à 1,5 million de tonnes d'ici à la fin de l'année. Le maïs ne fait, lui, pas l'objet de quota.
Suite à la canicule qui frappe le pays depuis plusieurs semaines, la récolte ukrainienne de céréales pourrait baisser à 40-43 millions de tonnes contre 46 millions de tonnes en 2009, selon des estimations.
L'introduction de quotas vise à éviter une envolée des prix sur le marché intérieur, qui pourrait mettre à mal le parti des Régions du président Viktor Ianoukovitch à l'approche des élections locales prévues le 31 octobre.
"L'Etat doit prendre des mesures pour ne pas permettre une hausse du prix du pain", a déclaré récemment le vice-Premier ministre Andri Kliouev.
L'annonce de Kiev intervient peu après que la Russie, dont la récolte s'est effondrée en raison de la canicule et la sécheresse, a décidé de décréter un embargo total sur toutes les exportations de céréales jusqu'à la fin de l'année, décision qui a provoqué un emballement des prix du blé sur les marchés financiers mondiaux.
Soucieux d'écarter tout risque de troubles sociaux en raison d'une hausse brutale des prix des aliments, le Premier ministre russe Vladimir Poutine, a averti la semaine dernière que la mesure pourrait être prolongée. "Ce n'est pas la peine de compter sur un retrait rapide de l'embargo", a-t-il mis en garde.
L'introduction de quotas par l'Ukraine ne devrait pas toutefois aggraver la situation sur les marchés mondiaux, car cette mesure était attendue, estiment des analystes ukrainiens.
"Nous pronostiquons que la croissance des prix sera insignifiante", estime ainsi M. Feofilov.