Jean-Marc Ayrault a promis mardi, dans un courrier au député PS Patrick Mennucci, 30 millions d'euros d'apport supplémentaire de l'Etat à la SNCM afin "de permettre de couvrir les besoins de trésorerie" pour 2014, sans parvenir à rassurer les syndicats qui maintiennent leur préavis de grève.Cette annonce du Premier ministre n'a pas convaincu les syndicats de la SNCM, notamment la CFE-CGC et la CGT marins qui ont annoncé dès mardi soir que le préavis de grève reconductible pour mercredi était maintenu. Pour eux, cette promesse équivaut "à l'abandon du plan industriel" décidé par les actionnaires pour sauver la compagnie maritime en difficulté.L'ensemble des organisations, à l'exception du syndicat nationaliste des travailleurs corses (STC), avait annoncé de longue date leur intention de prendre part à ce mouvement initié par la CGT, syndicat majoritaire rejoint par le SAMMM (Syndicat autonome des marins de la marine marchande), la CFDT et, pour l'encadrement, par la CFE-CGC.Dans son courrier, adressé à M. Mennucci, candidat à la mairie de Marseille, le Premier ministre souligne que les 30 millions d'euros supplémentaires doivent permettre "surtout de mettre en place les premières mesures de retour à l'équilibre prévues dans le plan d'affaires" de la compagnie maritime.Pour M. Ayrault, la solution passe, outre le déblocage de 30 millions d'euros, par "la mise en place dans des délais désormais rapides des mesures de redressement prévues par le plan et le pacte social". Cette solution doit également, selon lui, comprendre "l'engagement d'un travail sur le renouvellement progressif de l'appareil productif, en commençant de façon concrète par l'objectif de livraison du navire prévu à l'horizon 2016", ainsi que le renforcement des démarches "vis-à-vis des institutions communautaires pour remporter les contentieux en cours et assurer ainsi un venir stable à la société".Pour la CGT marins, le syndicat majoritaire, cette annonce n'est que de l'"enfumage électoral". "On est revenu en arrière de 6 mois", dit le représentant CGT, Frédéric Alpozzo."On est en train de demander aux salariés d'accepter de mettre en oeuvre des départs volontaires, des réductions de postes donc d'emplois... sans que l'Etat et les actionnaires respectent leurs engagements industriels, notamment sur la commande de quatre nouveaux navires", a vivement réagi le représentant CGT.Même déception de la part de l'encadrement. "On ne peut pas se contenter d'annonces partielles qui cachent en réalité l'abandon du plan tel qu'il a été voté le 24 septembre par l'ensemble des actionnaires", a affirmé le délégué CFE-CGC Maurice Perrin. Pour une source proche du dossier, "c'est une remise en cause du projet industriel bâti par le management, partagé avec les salariés et soumis dernièrement au vote des marins.""C'est un revirement important présenté comme un cadeau de nouvel an et surtout un cadeau au candidat Patrick Mennucci", a estimé cette source.Du côté de la mairie de Marseille, on estime que "le compte nʼy est pas". "Cette somme nʼest quʼun ballon dʼoxygène pour régler les salaires de décembre et de janvier, et pour éviter une grève au moment des vacances scolaires. LʼEtat aurait été bien inspiré de faire taire lʼacharnement de Bruxelles contre la SNCM et dʼavoir une vision à long terme plutôt que dʼagir au coup par coup", a déclaré le maire UMP de Marseille, Jean-Claude Gaudin, évoquant dans un communiqué un "cadeau électoral" du Premier ministre à son adversaire socialiste aux municipales.Le député PS Patrick Mennucci a estimé quant à lui que "le spectre du dépôt de bilan s'éloigne. Cet engagement sans ambiguïté correspond à notre volonté de préserver la compagnie", a-t-il déclaré à l'AFP.La Société nationale Corse Méditerranée (SNCM) est une compagnie française de transport maritime à capitaux publics et privés, assurant notamment des liaisons régulières depuis la France continentale vers la Corse, la Sardaigne, l’Algérie et la Tunisie. Elle emploie 2.600 salariés.