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Gad: un an après, seuls 13% des salariés ont retrouvé un CDI

Publié le 26/01/2015 16:59
Des ex-salariés de Gad devant l'usine de Lampaul-Guimiliau (Finistère) le 13 dcéembre 2013 (Photo Fred Tanneau. AFP)

Des ex-salariés de Gad devant l'usine de Lampaul-Guimiliau (Finistère) le 13 dcéembre 2013 (Photo Fred Tanneau. AFP)

Plus d'un après leur licenciement, les 889 ex-salariés de l'abattoir Gad de Lampaul-Guimiliau (Finistère), auquel le ministre de l'Economie Emmanuel Macron a rendu visite vendredi, ne sont que 13% à avoir retrouvé un emploi en CDI.

Selon les derniers chiffres communiqués par le comité de suivi du plan social fin décembre, 116 personnes seulement étaient dans ce cas.

Au total, un peu plus de 300 des 793 anciens salariés, qui bénéficiaient jusqu'à la fin 2014 des dispositions du plan de sécurisation professionnelle renforcé (CSP), négocié lors du plan social, avaient trouvé une "solution durable", selon le comité de suivi.

Un terme recouvrant aussi bien les emplois en CDI, les CDD de plus de six mois (81 cas recensés), les "formations qualifiantes, diplomantes" ou que les contrats de professionalisation dont bénéficient encore 86 ex-Gad.

Une dizaine étaient engagés dans un processus de création d'entreprise et une quarantaine bénéficiaient d'un dispositif de fin de carrière.

Mais parmi tous les autres, la très grande majorité était toujours à la recherche d'un emploi stable, même en ayant suivi une formation, ou en CDD de courte durée (105).

"Ceux qui n'ont rien du tout restent scotchés avec rien du tout. Ils n'ont accès ni à l'emploi, ni à la formation", se désole Olivier Le Bras, ancien délégué FO de Gad, figure de proue du combat des salariés.

Car malgré les 1,9 million d'euros déjà dépensés par l'Etat pour offrir les formations prévues dans le plan social (dont la moitié financé par le fonds européen d'ajustement à la mondialisation), les débouchés se font rares.

"Hormis l'agro-alimentaire, un peu d'industrie comme la chaudronnerie, le secteur hospitalier et l'aide à la personne, il y a peu de secteurs capables d'offrir des perspectives d'emploi", souligne M. Le Bras.

Surtout pour des salariés peu formés et peu qualifiés, comme l'étaient ceux de Gad, et exerçant qui plus est des métiers quasiment mono-tâche pour des raisons de productivité.

- 'Dommages collatéraux' -

"Beaucoup ont suivi des formations de caristes, mais tous ne vont pas retrouver du travail", souligne Jean-Claude Mear, 53 ans dont 22 passés chez Gad, à la découpe.

"J'ai fait la cellule de reclassement, mais on m'a vite fait comprendre qu'avec mon BEP agricole, on n'avait pas grand-chose à me proposer", raconte-t-il.

Depuis, cet ancien agriculteur a retrouvé un CDI dans une ferme maraîchère. "J'ai eu de la chance, quand je vois tous mes copains qui n'ont que des petits boulots par-ci par là, même si j'ai perdu en salaire", dit-il. "Ils cherchent, ils cherchent mais ils ne trouvent pas. Il n'y a rien de pire pour la tête. On ne peut pas rester comme ça à tourner en rond à la maison".

Jean-Marc Puchois, le maire de Lampaul-Guimiliau qui préside le comité de suivi, souligne "le désarroi" ressenti par les anciens salariés qu'il épaule depuis le début.

"Outre les problèmes d'emploi, il y a les dommages collatéraux dont on ne parle jamais. Depuis le plan social, il y a eu cinq suicides, 30 couples se sont séparés", précise Olivier Le Bras, citant des chiffres de la cellule psychologique chargée du suivi des salariés.

Et selon Jean-Marc Puchois, "le plus dur est à peut-être à venir". Depuis le début de l'année en effet, les salariés licenciés à la recherche d'un emploi ne peuvent plus bénéficier des dispositions du CSP qui leur garantissait 97% de leur ancienne rémunération brute, et sont retombés à 57% de leur ancien salaire.

Chez Gad, environ 85% du personnel gagnait le Smic, le salaire médian se situant à 1.300 euros.

Le groupe Gad employait encore 1.700 salariés à la mi-2013. Après la fermeture de ses unités de Lampaul-Guimiliau et Saint-Nazaire (80 salariés) fin 2013, il a cédé son abattoir de Josselin (Morbihan) en octobre 2014 à la SVA Jean Rozé, filiale d'Intermarché. Celle-ci s'est engagée à maintenir 530 emplois sur 755.

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