Après la Grèce, les dirigeants du G20 cherchaient lundi à Los Cabos, au Mexique, à ramener un peu de confiance dans l'économie mondiale, face à des marchés toujours pas impressionnés et en dépit de l'irritation manifestée par des Européens refusant les leçons des autres.
D'abord soulagées par la victoire de la droite, qui devrait être en mesure de former un gouvernement de coalition pro-euro, les places financières ont peu à peu renoué avec le pessimisme. L'Espagne inquiète de nouveau et les taux de ses emprunts à dix ans se sont envolés au-dessus des 7%, un niveau jugé insoutenable à long terme pour les finances publiques espagnoles.
Le résultat des législatives en Grèce a pourtant été accueilli avec soulagement par les présidents de l'Union européenne Herman Van Rompuy et de la Commission José Manuel Barroso à Los Cabos, cité balnéaire au bord du Pacifique, à l'extrême sud de la Basse-Californie.
"Nous continuerons à soutenir la Grèce en tant que membre de la famille de l'UE et de la zone euro. Nous nous tenons prêts à poursuivre notre assistance", ont déclaré les deux hommes dans un communiqué commun.
Le président américain Barack Obama a vu de son côté dans la victoire de la droite grecque un signe de bon augure pour la formation d'un gouvernement d'union nationale et la poursuite des réformes.
Les conditions de Merkel
Mais la chancelière allemande Angela Merkel a aussi posé ses conditions.
"Les élections ne peuvent remettre en question les engagements pris par la Grèce", a déclaré Mme Merkel. Le gouvernement "va et doit mettre en oeuvre les engagements" pris, a-t-elle martelé, plaidant pour un retour rapide à Athènes de la Troïka, qui rassemble les bailleurs de fonds de la Grèce.
Mais les dirigeants européens sont surtout attendus, à partir de 21H00 GMT à l'ouverture de ce septième sommet du G20, sur leur engagement à trouver enfin des solutions durables à la crise de la dette qui les mine depuis décembre 2009.
M. Van Rompuy a assuré que le G20 soutiendrait et encouragerait les efforts en ce sens des Européens dans sa déclaration finale attendu mardi à la fin de la réunion. Mais l'impatience des autres pays ne cesse de grandir. Il est temps que les Européens "retirent les échafaudages" qui encombrent encore le chantier de leur gouvernance, et qu'ils se décident enfin à utiliser les moyens "considérables" à leur disposition pour calmer les marchés, a lancé dimanche Angel Gurria, secrétaire général de l'Orgnisation de coopération et de développement économiques (OCDE).
Au point de commencer à agacer quelque peu des dirigeants européens sous pression de leurs partenaires depuis des mois.
"Franchement, nous ne sommes pas ici pour recevoir des leçons en termes de démocratie ou sur la façon de gérer l'économie", a affirmé lundi devant la presse le président de la Commission européenne Jose manuel Barroso, remarquant au passage que "tous les pays du G20 ne sont pas des démocraties".
"Nous ne sommes pas les seuls à être responsables des problèmes économiques actuels dans le monde", a renchéri M. Herman Van Rompuy.
Le cas des émergents
Certes, mais les pays émergents continent de penser que c'est d'abord aux Européens de régler leurs problèmes. Invités à faire connaître les montants qu'ils souhaitent accorder au Fonds monétaire international (FMI) dans le cadre de l'augmentation de ses ressources, ils ont posé leurs conditions, même s'ils se disent toujours prêts à "renforcer" leur contribution.
Le groupe des puissances émergentes des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud), qui s'est réuni lundi à Los Cabos, exige avant tout engagement de sa part que le FMI soit à court d'argent et qu'il ait mis en oeuvre une réforme de 2010 accroissant les droits de vote de ces pays émergents.
Le G20 a promis en avril de contribuer à augmenter les ressources financières du Fonds monétaire international de plus de 430 milliards de dollars.
Avant l'ouverture du sommet, le président américain Barack Obama et son homologue russe Vladimir Poutine ont eu un entretien sous haute tension après l'interruption de la mission des Nations unies en Syrie.
Le président russe, qui rencontrait M. Obama pour la première fois depuis sa réélection, a assuré que les Etats-Unis et la Russie avaient trouvé "de nombreux points d'accord".