"Je peux faire quelque chose pour toi ?", demande Nao, le petit robot humanoïde, best-seller mondial d'Aldebaran, une entreprise française qui prépare maintenant Roméo, "véritable assistant à la personne", et qui rêve d'une France leader de la robotique.
S'il tombe en exécutant la danse que vous lui avez demandée, Nao se relèvera seul en s'excusant d'avoir glissé. Il est un des pionniers de la robotique d'aide à la personne, un domaine en éclosion sur lequel des pays vieillissants comme le Japon misent gros.
Le petit bonhomme d'une soixantaine de centimètres de haut se positionne pour le moment sur le marché des écoles, lycées, universités et laboratoires, dont quelque 480 l'utilisent pour leurs cours ou recherches. L'Université de Tokyo en a 30.
Nao a été vendu 12.000 euros dans plus de 45 pays à 2.600 exemplaires depuis 2008, un nombre "sans équivalent" pour un humanoïde, précise Petra Koudelkova Delimoges, responsable des partenariats et relations institutionnelles d'Aldebaran.
Nao reconnaît les visages, lit le journal, les courriers électroniques, enregistre la réponse qu'on lui dicte et l'envoie. Il se veut un compagnon utile pour des personnes en perte d'autonomie ou atteintes de la maladie d'Alzheimer ou encore des enfants hospitalisés.
"Dans un placard"
A la demande de parents et professionnels de la santé, il se lance dans un projet d'aide au traitement des enfants autistes. "Avec ses codes de communication plutôt simples, le robot est un véritable pont entre l'enfant autiste et les personnes qui l'entourent", explique Petra Koudelkova Delimoges, responsable des partenariats et relations institutionnelles d'Aldebaran.
Une frimousse aux yeux lumineux écarquillés avec de gros haut-parleurs en guise d'oreilles et une physionomie tout en rondeurs y sont probablement aussi pour quelque chose.
Aldebaran prépare maintenant dans ses ateliers parisiens Roméo, d'une taille de 130 cm. Le projet, commencé en janvier 2009, vient de sortir un prototype dont il faut à présent assurer la sécurité physique et informatique.
Roméo a pour ambition d'être un "véritable assistant à la personne" qui pourrait entre autres ouvrir et fermer des portes, retrouver des clés, rappeler de prendre ses médicaments, servir d'appui à une personne tombée.
Ces robots sont "un vieux rêve" de Bruno Maisonnier, rêve né de la lecture d'un livre de sciences fictions il y a plus de 35 ans. Patron du Crédit Agricole en Pologne, il construit ses propres robots "littéralement dans un placard" jusqu'en 2004. Les succès de l'Aibo de Sony et du Robosapiens de WowWee l'encouragent à créer sa société en 2005 avec ses économies et l'aide de parents et amis.
Aides inadaptées
Celle-ci a depuis bénéficié d'aides publiques et emploie 220 personnes d'une quinzaine de nationalités. Elle a acheté en juillet le français Gostai et affiche 30 postes à l'embauche. Son chiffre d'affaires, de 6,6 millions d'euros en 2011, est réalisé à 90% à l'étranger. Mais elle n'est pas encore rentable, avec une perte nette de près de 5 millions d'euros.
"La France est active dans le soutien à la phase de démarrage" mais "les aides destinées aux entreprises jeunes et innovantes sont insuffisantes et pas adaptées" dans la phase de croissance, explique M. Maisonnier.
Les start-up alors "ne peuvent faire l'économie d'explorer plus loin" à la recherche de capitaux pour rester compétitives, dit-il, jugeant "très positif" que "des investisseurs étrangers choisissent la France".
"J'en suis chaque jour plus convaincu, tous les voyants sont au vert, la robotique va être une des industries majeures du 21e siècle".
"La France a tous les atouts pour devenir un pays leader de la robotique mais face aux compétiteurs américains et asiatiques qui investissent énormément, il est urgent d'agir maintenant", lance-t-il, "pour faire de la robotique française le numéro 1 mondial".