L'aviation civile américaine (FAA) a ouvert vendredi une enquête "approfondie" sur le Boeing 787 après une série d'incidents techniques, même si les autorités et le constructeur ont réaffirmé leur confiance dans la sûreté de l'appareil.
"Nous sommes préoccupés par les récents incidents impliquant le Boeing 787. C'est pourquoi nous annonçons aujourd'hui le lancement d'une enquête approfondie", a déclaré le secrétaire américain aux Transport Ray LaHood lors d'une conférence de presse à Washington.
"Cet avion est sûr", a-t-il toutefois assuré.
L'enquête va examiner "la conception, la fabrication et l'assemblage de l'avion" et ses "systèmes électriques, y compris les batteries", ainsi que les problèmes mécaniques, a détaillé M. LaHood en soulignant qu'elle allait se concentrer sur les données statistiques.
De son côté, Boeing a réaffirmé sa "confiance dans la conception et les performances du 787", évoquant dans un communiqué "un avion sûr et économe". Le PDG du groupe Jim McNerney a de son côté souligné que le groupe se "réjouissait de participer à l'examen par la FAA" du 787 et s'est dit certain qu'il allait "renforcer notre confiance, celle des clients et des voyageurs dans sa fiabilité et sa sûreté".
Le 787 est composé d'une part inédite de matériaux composites, notamment de fibres de carbone, qui le rendent plus léger et économe en carburant.
Depuis son lancement, le programme a été marqué par des problèmes techniques à répétition et des retards. Le premier appareil a été livré à la compagnie japonaise ANA en 2011, trois ans et demi plus tard que prévu.
"Tous les nouveaux avions commerciaux ont des problèmes", a justifié le directeur de la branche aviation civile de Boeing, Ray Conner, lors de la conférence de presse.
Pour l'instant, la seule compagnie américaine à utiliser des "Dreamliner" est United Airlines, qui en possède trois. Au total, 50 sont en service dans le monde, selon Boeing.
"Rien qui nécessite des mesures immédiates"
Pour l'analyste Richard Aboulafia, de Teal Group, les autorités "prennent la bonne décision en ouvrant une enquête" car "la fréquence des incidents (du 787) est bien supérieure à la normale".
Cela "reflète le niveau élevé de nouvelles technologies" de l'avion, mais aussi un système de fabrication "qui a peut-être été poussé trop loin trop vite", a ajouté ce spécialiste de l'aéronautique.
Une idée que dément Ray Conner, de Boeing, qui assure que "l'accélération de la production en cours se passe très bien", ajoutant que le système de production de l'appareil, éclaté entre des dizaines de sous-traitants, n'était pas non plus en cause.
Le site d'analystes 247wallst.com était plus négatif, déplorant que le 787 "garde le droit de voler malgré des défauts et pannes dangereuses".
Interrogée à ce sujet par l'AFP, la FAA a souligné avoir "examiné chaque incident impliquant le système électrique du 787 et n'avoir rien vu qui nécessite des mesures immédiates" comme par exemple une immobilisation au sol de la flotte.
L'action de Boeing a fortement chuté à Wall Street (-2,53% à 75,14 dollars), reflétant l'inquiétude de certains investisseurs face aux derniers incidents qui comprennent des fuites de carburant et d'huile, un problème de freins, un bris de glace dans le cockpit et un début d'incendie.
"Le but de l'enquête annoncée ce jour est d'examiner tous les systèmes essentiels de l'appareil pour valider le travail qui a mené à la certification de l'avion", a ajouté le régulateur.
Selon l'agence de notation Standard and Poor's (SP), au pire, la FAA pourrait demander "des modifications majeures" de la conception du 787, mais c'est "peu probable": plus probablement, la FAA ne fera "rien" ou demandera des "changements mineurs".