Le chômage a poursuivi son envolée en octobre, avec 34.400 demandeurs d'emplois supplémentaires, sur fond de crise aggravée et de récession attendue, une descente aux enfers qui risque de se poursuivre, l'OCDE prévoyant une nette remontée du chômage en 2012.
Le nombre de demandeurs d'emploi sans activité a progressé de 1,2% à 2,814 millions (+34.400), à un niveau inégalé depuis décembre 1999, selon les données du ministère du Travail publiées lundi.
Depuis le printemps dernier, le marché de l'emploi se dégrade mois après mois. En septembre, le chômage était déjà monté en flèche.
Depuis le début de cette année, 91.500 demandeurs supplémentaires se sont inscrits à Pôle emploi. Le gonflement s'explique aussi par le moindre recours des entreprises à l'intérim.
En incluant les personnes avec activité réduite, le total des Français en quête de travail a progressé à 4,193 millions (+0,4%), soit 17.200 de plus sur le mois et 147.500 supplémentaires depuis le début de 2011.
Avec les départements d'outre-mer, la France comptait en octobre 4,459 millions de demandeurs d'emploi, avec ou sans activité réduite.
La dégradation a frappé toutes les classes d'âge: le nombre de jeunes de moins de 25 ans sans aucune activité et en quête d'emploi a grimpé de 0,6% (à 440.000), les seniors de plus de 50 ans de 2,4% (à 585.000). Le nombre de chômeurs de longue durée (plus d'un an) est resté stable à un niveau élevé (1,593 million).
Dès avant la publication de ces chiffres, le ministre du Travail Xavier Bertrand avait prévenu qu'ils ne seraient "pas bons" et invoqué une "crise dont on ne sort pas encore" et qui même "s'intensifie". "Tant que la situation économique ne s'améliorera pas, je ne vois pas comment les chiffres de l'emploi pourront réellement s'améliorer", a-t-il dit.
A cinq mois de la présidentielle, le gouvernement a fait une croix sur son objectif de faire reculer le chômage de masse sous la barre des 9% en fin d'année (contre 9,1% au deuxième trimestre).
Désormais c'est une forte hausse qui semble à l'ordre du jour: l'OCDE prévoit lundi une progression du taux de chômage au-dessus de la barre symbolique des 10%, à 10,4%, fin 2012.
La dégradation du marché de l'emploi va de pair avec un ralentissement brutal de la croissance: l'OCDE voit même une "brève" période de récession en France en cette fin 2011 et table sur une croissance étique de 0,3% l'an prochain.
Le gouvernement qui jusqu'ici prônait comme remède le développement de l'alternance évoque de nouvelles pistes comme la création de contrat à durée indéterminée dans le secteur de l'intérim.
Pour Mathieu Plane de l'OFCE, le plus grave est qu'un "scénario de risque récessif s'annonce alors qu'on a pas annulé les stigmates de la première crise" de 2008, "ce qui fait que les nouveaux chômeurs s'ajoutent aux anciens".
La situation est d'autant plus préoccupante qu'on peut s'attendre à "très peu de mesures de soutien à l'emploi - comme les emplois aidés, le chômage partiel ou le plan de relance", mises en place en 2008-2009, "car il n'y a pas les mêmes marges budgétaires", relève cet économiste.
Selon Marie Claude Carrère-Gée, présidente du Conseil d'orientation pour l'emploi (placé auprès du Premier ministre), un effort doit être fait pour "réactiver et simplifier" le dispositif du chômage partiel.
C'est aussi le souhait des syndicats. Pour Laurent Berger (CFDT), le gouvernement doit mettre en place "des dispositifs de chômage partiel, de formation et de cellule de reclassement".
Pour le candidat PS à la présidentielle François Hollande, le chômage élevé vient "sanctionner" la politique de Nicolas Sarkozy qui ne peut s'en "exonérer par la crise".
A quoi le secrétaire général de l'UMP, Jean-François Copé, a déploré M. Hollande, soit "presque triomphaliste" quand il accuse la politique de Nicolas Sarkozy, "alors que la situation est suffisamment grave pour qu'elle mobilise l'ensemble d'entre nous".
La secrétaire nationale d'EELV, Cécile Duflot, a souligné qu'il y avait "plus d'un million de chômeurs supplémentaires" depuis 2007 et condamné les "slogans vides et déclarations culpabilisatrices" de la droite.