Le câblo-opérateur Numericable Groupe a lancé lundi le processus qui doit conduire à son entrée en Bourse le 8 novembre, l'opération la plus importante menée sur la Bourse de Paris depuis au moins quatre ans.
Numericable a fixé le prix de ses actions entre 20,30 et 24,80 euros, ce qui valorisera le groupe entre 5,06 et 5,57 milliards d'euros, a souligné le PDG de Numericable, Eric Denoyer, lors d'une conférence de presse. Ce montant inclut une dette de 2,75 milliards d'euro.
La dernière opération de taille sur la place parisienne était celle des maisons de retraite Medica, il y a plus de trois ans, qui s'étaient retrouvées valorisées à 623 millions d'euros pour 100% du capital, soit neuf fois moins que Numericable.
L'opération dévoilée lundi portera sur environ 652 millions d'euros, dont 250 millions d'actions nouvelles créées dans le cadre d'une augmentation de capital et 402 millions via la cession d'actions existantes appartenant aux actuels actionnaires, les fonds Carlyle et Cinven.
En cas de bon accueil des investisseurs, le montant de l'offre pourrait être accru de 15%.
Le processus de placement des actions commence dès ce lundi et se terminera le 7 novembre.
Cette opération devrait être la plus importante à Paris depuis l'entrée en Bourse du distributeur CFAO en 2009, qui avait permis à son ex maison mère PPR (l'actuel Kering) de lever plus de 900 millions d'euros, et avant cela, les introductions de Bureau Veritas et Rexel qui remontent à 2007.
Le périmètre mis en Bourse est composé du câblo-opérateur éponyme, qui compte 1,7 million d'abonnés, et de l'opérateur télécoms dédié aux entreprises Completel.
Le capital du groupe était jusqu'ici détenu par les fonds Carlyle et Cinven (37,5% chacun), qui cherchaient à sortir du capital de Numericable, Altice arrivant en troisième position avec 24%, tandis que le 1% restant appartenait à la direction de l'entreprise.
Mi-octobre, Altice avait indiqué qu'il allait profiter de l'opération pour porter sa participation à environ 30% du capital et des droits de vote du groupe, en rachetant aux autres actionnaires une partie de leurs actions à leur prix d'introduction en Bourse.
Carlyle devrait donc réduire sa part du capital pour n'en conserver qu'environ que 25%, et Cinven descendra pour sa part autour de 15%, a expliqué M. Denoyer.
"Altice a indiqué qu'il se donnait les instruments lui permettant d'aller potentiellement vers le contrôle de l'entreprise", a-t-il ajouté.
Dans son communiqué, Numericable a indiqué avoir dégagé sur les neuf premiers mois de l'exercice en cours un résultat net (part du groupe) de 60 millions d'euros et un résultat brut d'exploitation (Ebitda) de 436,3 millions, sur des ventes totales qui frôlent le milliard d'euros (968,9 millions).
Sur l'ensemble de l'année en cours, le groupe table sur un Ebitda compris entre 610 et 620 millions et un chiffre d'affaires en légère croissance.
Le groupe, qui investit déjà 300 millions d'euros par an, compte consacrer 220 à 230 millions de plus sur la période 2014-2016 et vise à "complétement terminer la mise à jour du réseau", afin d'équiper ses 8,5 millions de prises en fibre optique contre 5 millions aujourd'hui, selon M. Denoyer.
Ceci doit permettre au groupe d'accélérer sa croissance de 2% à 5% par an sur la période 2014-2016, et d'atteindre une marge d’Ebitda (résultat brut d'exploitation) de 50% contre 47% en 2012.
L'opération est lancée alors que les câblo-opérateurs européens redeviennent attractifs aux yeux des investisseurs, en raison des besoins croissants de bande passante liés à l'usage grandissant d'internet.
"Le débit internet consommé par foyer a doublé dans les 18 derniers mois", a en effet souligné M. Denoyer pour qui la croissance de Numericable est liée au fait que "le très haut débit est en train de décoller en France".
Le britannique Vodafone est ainsi en passe de racheter le câblo-opérateur allemand Kabel Deutschland pour 7,7 milliards d'euros, alors que l'américain Liberty Global a pris le contrôle du britannique Virgin Media pour 17 milliards d'euros.