Obama renonce au sommet de Moscou, camouflet pour Poutine

Publié le 07/08/2013 16:25
Mis à jour le 07/08/2013 17:45

Le président Barack Obama a pris la décision rarissime mercredi d'annuler son sommet avec Vladimir Poutine, un camouflet pour le dirigeant russe dû selon les Etats-Unis au manque de "progrès récents" dans les relations bilatérales en pleine affaire Snowden.

La Russie s'est dite "déçue" de cette décision qu'elle a interprétée comme un refus de Washington de coopérer avec elle "sur un pied d'égalité", tout en se disant toujours prête à travailler avec les Etats-Unis.

Washington n'a pas non plus fermé la porte à la coopération avec Moscou, disant maintenir la rencontre prévue en fin de semaine dans la capitale fédérale entre les secrétaires d'Etat et à la Défense américains et leurs homologues russes.

"Après un examen approfondi (...) nous sommes parvenus à la conclusion que les relations bilatérales avec la Russie n'ont pas enregistré assez de progrès récents pour qu'un sommet américano-russe se déroule début septembre", a déclaré le porte-parole de M. Obama, Jay Carney.

Le principe d'un tel sommet avait été annoncé en marge du G8 en juin.

Mais la Maison Blanche avait laissé planer le doute depuis des semaines sur le maintien de cette rencontre préalable au G20 de Saint-Pétersbourg, alors que les relations entre Moscou et Washington se sont fortement détériorées en raison en particulier de l'asile accordé par les Russes à l'Américain Edward Snowden, ancien analyste qui a révélé l'ampleur du programme de surveillance des communications électroniques par le renseignement de son pays.

"Nous attachons une grande importance aux progrès effectués avec la Russie lors du premier mandat du président (2009-2013, NDLR), dont le nouveau traité START et la coopération sur l'Afghanistan, l'Iran et la Corée du Nord", a expliqué M. Carney.

"Mentalité de la Guerre froide"

"Toutefois, étant donné le manque de progrès sur des questions comme la défense antimissile, la prolifération, le commerce, les questions de sécurité et des droits de l'homme ces 12 derniers mois, nous avons informé le gouvernement russe que nous pensions qu'il serait plus constructif de repousser le sommet jusqu'à ce que nous obtenions plus de résultats", a-t-il ajouté.

L'expression "ces 12 derniers mois" semble mettre en cause le rôle de M. Poutine, qui a repris les rênes du Kremlin en mai 2012.

Les relations américano-russes ont connu depuis un coup de froid notamment en raison du dossier syrien.

En outre, "la décision décevante de la Russie d'accorder un asile temporaire à Edward Snowden a aussi été un élément que nous avons pris en considération pour évaluer l'état de nos relations", a remarqué le porte-parole américain.

La participation de M. Obama au G20 les 5 et 6 septembre n'est pas remise en cause, selon la Maison Blanche, qui a aussi confirmé, après une annonce de Stockholm, que le président se rendrait en visite officielle en Suède avant d'aller à Saint-Pétersbourg.

Mardi, M. Obama avait reproché à la Russie de revenir parfois à "une mentalité de la Guerre froide".

"Ce que je dis en permanence (aux responsables russes), ce que je dis au président Poutine, c'est que c'est le passé et que nous devons penser à l'avenir. Et il n'y a pas de raison pour que nous ne puissions pas être en mesure de coopérer plus efficacement que nous ne le faisons", avait-il déclaré lors d'un entretien télévisé.

Pour Steven Pifer, spécialiste de la Russie à l'institut Brookings de Washington, l'annulation d'un sommet d'aussi haut niveau est pour le moins "inhabituelle", mais pas surprenante vu les désaccords persistants entre les deux capitales où l'affaire Snowden ne constituait selon lui qu'un "élément mineur".

Les Américains "ne voyaient pas l'intérêt d'un sommet qui n'aurait pas fait progresser les gros dossiers" comme la sécurité et le commerce, explique cet expert à l'AFP.

Ce développement représente "une sérieuse turbulence, mais le fait que l'administration maintienne la rencontre ministérielle montre à mon avis qu'ils sont prêts à coopérer là où c'est possible", assure toutefois M. Pifer.

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