La Bourse de Paris va tenter de conserver les niveaux atteints en octobre en continuant de scruter les résultats d'entreprises la semaine prochaine, mettant temporairement de côté les banques centrales.
Le marché achève une semaine durant laquelle il a préféré limiter la prise de risques pour conserver "la performance assez forte" réalisée en octobre, remarque Jean-Louis Mourier, un économiste du courtier Aurel BGC.
La cote a temporisé et perdu 0,53% au cours de la semaine et terminé vendredi à 4.897,66 points. Ses gains depuis le début de l'année s'élèvent à 14,63%.
Après s'être inscrite en forte hausse à la fin de la semaine précédente, aidée par le soutien assuré de la Banque centrale européenne (BCE), la cote parisienne a passé une partie du début de la semaine à attendre "le fameux communiqué du FOMC", le Comité de politique monétaire de la banque centrale américaine, poursuit l'économiste.
Dans son compte-rendu publié mercredi soir à l'issue d'une réunion de deux jours, la Fed a enlevé sa référence à l'environnement économique et financier mondial qui pouvait freiner l'activité économique aux Etats-Unis, laissant en outre la porte entrouverte à un relèvement des taux en décembre.
Si les marchés américains ont salué le texte, il n'a "pas eu d'impact" significatif le lendemain sur les marchés européens, constate M. Mourier.
La Fed a récemment semé le trouble sur les marchés financiers en ne relevant pas ses taux d'intérêt lors de sa réunion de septembre, notamment en raison du ralentissement de l'économie chinoise et de ses possibles conséquences sur le reste du monde.
Ainsi, cette semaine, la position de la Fed a pu sembler "plus claire" aux investisseurs, estime Jean-Jacques Friedman, directeur des investissements chez Vega IM, ce qui explique en partie cette réaction modérée.
"Le marché était prêt à accepter une hausse des taux" mais la Fed avait "introduit un doute" en choisissant le statu quo lors de sa dernière réunion, rappelle-t-il.
Selon les économistes de Crédit Mutuel-CIC, la Fed envisage donc de "remonter ses taux directeurs en décembre. Cette volonté s'appuie sur un sentiment plus positif sur l'économie américaine conforté par les chiffres de croissance du troisième trimestre", ajoutent-ils.
Publiée jeudi, la première estimation de la croissance économique des Etats-Unis pour le troisième trimestre a toutefois fait état d'un ralentissement en raison de l'accumulation des stocks mais reste soutenue par l'appétit des consommateurs.
Hors effet stocks, la croissance est "tout à fait suffisante pour augmenter les taux" aux Etats-Unis, soutient M. Friedman.
- Les banques centrales mises de côté -
Les investisseurs devront désormais attendre la dernière réunion de la Fed de l'année, prévue à la mi-décembre, pour en savoir plus, se contentant entre temps de discours de certains membres de l'institution, qui pourront apporter un éclairage supplémentaire.
Les indicateurs d'activité la semaine prochaine aux Etats-Unis, mais aussi en Europe et en Asie, ainsi que le rapport mensuel sur l'emploi américain d'octobre, seront également surveillés de près, au vu de ces possibles changements de politique monétaire.
La BCE est également attendue au tournant mais pas avant le mois de décembre après avoir laissé entendre qu'elle pourrait renforcer son soutien à l'économie de la zone euro lors de sa dernière réunion de l'année.
En attendant ces échéances, le marché pourrait mettre temporairement de côté la thématique des banques centrales pour poursuivre son analyse des publications d'entreprises trimestrielles, avec des chiffres qui ne sont "pas toujours bien accueillis", constate Tangi Le Liboux, stratégiste chez Aurel BGC.
Sanofi (PA:SASY), L'Oréal, Gemalto (AS:GTO) ou encore TF1 (PA:TFFP) ont déçu le marché, tandis qu'Alcatel-Lucent (PA:ALUA) a bénéficié de la bonne publication de Nokia (HE:NOKIA), avec qui il s'apprête à fusionner.
Quelques poids lourds de la cote sont encore attendus la semaine prochaine, comme ArcelorMittal, EDF (PA:EDF), Crédit Agricole (PA:CAGR) et Société Générale (PA:SOGN).
En dépit de cette actualité chargée, le marché ne semble cependant "pas avoir la volonté de prendre des risques excessifs dans les prochaines semaines", soutient M. Mourier.