Le Portugal a enregistré au premier trimestre un déficit public en forte hausse, ce qui malgré les assurances du gouvernement fait peser un doute sur sa capacité à respecter les exigences de ses créanciers internationaux dans un climat social fortement tendu.
Selon des données publiées vendredi par l'Institut national des statistiques (Ine), le déficit s'est établi à 10,6% du PIB au premier trimestre contre 7,9% à la même période de l'an dernier.
Fin mars, le déficit sur douze mois s'élevait à 7,1% du PIB contre 6,4% sur l'ensemble de l'an dernier alors que, dans le cadre du plan d'aide accordé en mai 2011 par l'Union européenne et le Fonds monétaire international, Lisbonne s'est engagé à le ramener à 5,5% d'ici la fin de l'année.
"Cette hausse des besoins de financement est le résultat d'une hausse plus accentuée des dépenses que des recettes", a expliqué l'office statistique, en dépit de la hausse généralisée des impôts inscrite au budget de l'Etat pour 2013.
L'évolution des dépenses a été marquée "en grande mesure" par l'injection de 700 millions d'euros de fonds publics, soit l'équivalent de 1,8% du PIB, pour la recapitalisation de la banque privée Banif, la huitième institution financière opérant au Portugal, a précisé l'Ine.
En excluant cette opération, le déficit des administrations publiques se serait élevé au premier trimestre à 8,8% du PIB, a précisé le gouvernement.
"L'objectif du déficit pour cette année est parfaitement atteignable", s'est empressé d'assurer le Premier ministre Pedro Passos Coelho à l'issue du Conseil européen qui s'est tenu à Bruxelles.
"Nous savions que les dépenses publiques allaient augmenter cette année en raison du rétablissement du 14e mois versé aux fonctionnaires et aux retraités", imposé par un jugement rendu début avril par la Cour constitutionnelle.
Nouvelles mesures de rigueur
Afin de compenser l'impact de cette décision, le gouvernement de centre-droit a fait passer un budget rectificatif qui doit lui permettre de respecter un objectif déjà assoupli à deux reprises par l'UE et le FMI, forcés de reconnaître que la cure de rigueur a pesé sur l'activité économique et le chômage plus qu'ils ne l'avaient prévu.
Le Portugal devrait connaître en 2013 une troisième année consécutive de récession avec une contraction du PIB de 2,3%, mais le gouvernement table sur une relance de 0,6% l'an prochain. "Nous nous attendons d'ici la fin de l'année à une inversion de la tendance économique", a réaffirmé vendredi le Premier ministre.
Mais pour le Parti socialiste, principale formation d'opposition, le déficit public du premier trimestre représente "un échec flagrant" pour le gouvernement, dont il a de nouveau réclamé la démission.
Encore la veille, le gouvernement M. Passos Coelho avait affronté une nouvelle grève générale contre sa politique d'austérité. Le mouvement, organisé conjointement par les deux confédérations syndicales portugaises, a été largement suivi dans les services publics, en particulier dans les transports, mais son impact a été limité parmi les travailleurs du secteur privé.
Cette quatrième grève générale en deux ans de gouvernement et d'aide internationale a été la réponse des syndicats au nouveau train de mesures de rigueur dévoilé début mai, qui prévoit notamment la suppression d'environ 30.000 postes de fonctionnaires et l'augmentation de leur horaire de travail de 35 à 40 heures par semaine, comme dans le privé.
M. Passos Coelho doit boucler ce projet de réforme de l'Etat visant à réduire les dépenses publiques de 4,7 milliards d'euros à l'horizon 2014 avant l'ouverture le 15 juillet d'un nouvel examen trimestriel au plan de réformes négocié avec l'UE et le FMI en échange d'un prêt de 78 milliards d'euros.