Les salariés de Renault et de PSA se sont mobilisés mardi dans leurs usines et dans la rue pour contester les projets des groupes automobiles en cours de négociations, tandis que la restructuration de PSA a été suspendue par la justice pour défaut d'information de sa filiale Faurecia.
Chez Renault, les discussions portent sur un accord de compétitivité, chez PSA sur les plans de sauvegarde de l'emploi (PSE) à Rennes et Aulnay-sous-Bois, usine dont la fermeture est prévue en 2014 et où le climat reste tendu. A l'arrêt pendant dix jours, l'usine a rouvert lundi matin dans une ambiance électrique, avec le renfort de plus de 200 cadres. Mais sa chaîne de production était presque entièrement immobilisée mardi par la grève.
Une partie des grévistes d'Aulnay, 444 selon la CGT, se sont rassemblés mardi devant le siège parisien de PSA pour dénoncer "des négociations qui n'avancent pas", avant de rejoindre des salariés d'autres entreprises en crise pour un rassemblement devant le ministère du Travail.
La gestion de la fermeture de Melun-Sénart, site que PSA a fermé en 2012, où les départs s'étaient faits sur la base du volontariat et via des reclassements internes, a été présentée par la direction comme un "succès" et un modèle pour les sites de Rennes et Aulnay. Néanmoins 70 salariés de Melun-Sénart ont décidé de saisir la justice.
Pour 8.000 salariés touchés par la restructuration, la négociation a débouché mardi sur des avancées: allongement du dispositif congé Seniors, doublement de la durée de compensation dans le cas d'un écart salarial entre PSA et un nouvel employeur, amélioration des aides liées au projet professionnel et au congé de reclassement.
Entre mai 2012 et mi-2014, 11.214 suppressions de postes sont envisagées chez le premier constructeur français, dont 3.000 à Aulnay et 1.400 à Rennes.
"La direction fait bouger les curseurs", mais "la globalité (des propositions) mérite d'être améliorée et la décision de signer ou non reviendra aux salariés", a résumé Franck Don (CFTC).
Les négociations se sont poursuivies malgré la décision de la cour d'appel de Paris de suspendre la restructuration. L'exécution du plan devrait être décalée, et sera possible dès que les représentants des salariés de Faurecia (filiale de PSA) auront été dûment informés et consultés sur la réorganisation prévue dans la branche automobile de PSA, et sur les impacts éventuels sur l'équipementier, qui fournit le constructeur.
Débrayages chez Renault
Chez Renault, des débrayages ont eu lieu parfois avec routes bloquées et feux de palettes, notamment à Flins, au Mans, à Douai où environ 1.000 employés ont débrayé dans la journée. Ils étaient environ 200 à Sandouville (Seine-Maritime), site sur la sellette en raison de la faiblesse de l'activité.
Les syndicats voulaient peser sur les négociations en vue d'un accord de compétitivité souhaité pour la mi-février par la direction.
Le projet porte notamment sur la suppression de 8.260 emplois en France d'ici 2016, ainsi qu'un gel des salaires en 2013, une refonte des comptes épargne-temps et des mobilités obligatoires entre les sites. Ces points ont été débattus mardi, de même que les propositions des syndicats.
La direction conditionne la non-fermeture de site et l'absence de licenciement à la signature de l'accord et une évolution du marché européen, qui permettraient "d'augmenter le volume de production des sites français de 180.000 véhicules (100.000 véhicules liés au renouvellement du plan gamme de Renault et à l'effet marché, et 80.000 véhicules en provenance des partenaires) pour le porter à plus de 700.000 véhicules", contre environ 530.OOO en 2012.
"Le chantage de la direction persiste", a réagi la CGT dans un communiqué mardi soir, estimant qu'"aucune négociation n'a été possible" car "la direction a demandé aux syndicats +d'acter et d'accompagner+ ses décisions".
"On espère voir évoluer ces chiffres, mais on n'a pas la définition précise de ce que constitue le plan de gamme comme on le souhaite", a commenté Dominique Chauvin, de la CFE-CGC. FO évoque des "points bloquants", comme les mobilités que la direction souhaite rendre obligatoires.
La direction de Renault fait une distinction entre l'accord de compétitivité en cours de négociation et l'accord national sur la sécurisation de l'emploi signé le 11 janvier par des partenaires sociaux: le premier est "un ajustement structurel", le second est "conjoncturel".