La Fédération nationale des industries laitières (FNIL) a dénoncé jeudi la position "oligarchique" de la grande distribution en France, qui bloque toute négociation sur le prix du lait, à la veille d'une table ronde lundi dont elle avoue ne rien attendre.
"Il n'y a aucune possibilité de discuter avec la distribution française alors que le prix haussier dans le monde devrait pouvoir compenser la hausse des charges subie par les producteurs", a constaté le président de la FNIL, Olivier Picot, devant des journalistes.
"C'est Michel-Edouard Leclerc qui octroie ou n'octroie pas les hausses, selon son bon vouloir", poursuit M. Picot qui cible particulièrement le médiatique patron du groupe homonyme.
La conjonction des deux - absence de négociation et de prix de marché - forme un "noeud gordien" et prive "le producteur d'un prix normal", a-t-il ajouté.
"Il faut absolument dé-cartéliser la distribution en France, on ne peut continuer avec un oligopole pareil", juge M. Picot qui dénonce la toute puissance de cinq ou six gros opérateurs, au détriment des producteurs et des transformateurs.
"Entre la distribution extrêmement puissante et les producteurs qui veulent pouvoir renforcer leur pouvoir de marché, on a un tuyau flexible, l'industrie, priée de s'adapter", juge-t-il.
Prise à partie, la Fédération des entreprises du Commerce et de la Distribution (FCD) qui réunit une dizaine d'enseignes (Casino, Carrefour, Cora, Lidl et Dia, Franprix et Leader Price, Monoprix ou Atac...) - mais pas les Leclerc - a réagit en rappelant que l'industrie n'était pas en reste: "Les trois premiers groupes industriels du lait (Sodiaal, Lactalis et Glac) réalisent 88% de la production de lait liquide, selon une étude FranceAgriMer" a-t-elle fait valoir dans un communiqué.
"Les industries agroalimentaires doivent être transparentes sur la réalité de leurs marges nettes en France comme les enseignes de la distribution l'ont fait dans le cadre des travaux de l'Observatoire" des prix et des marges, a-t-elle insisté.
Les producteurs de lait réclament une hausse des prix de la matière première de 2 centimes par litre pour compenser celle des charges, notamment en alimentation animale.
Selon la Fnil, 10.000 d'entre eux environ sur 70.000 vont très mal, tandis que du côté de l'industrie, "au moins 1.000 emplois sont en cours de destruction" ou menacés de l'être. Et après la fermeture de sept usines en 2012, une nouvelle vague de "restructuration" a démarré.
"La marge nette des transformateurs laitiers est très faible : entre 1 et 1,5% en moyenne" selon la fédération des industriels.
"Il ne peut y avoir de prix du lait fixé hors prix du marché, sauf dans une économie fermée", martèle la Fnil, qui regroupe la plupart des entreprises laitières privées (130).
Pour Olivier Picot, la table ronde tripartite organisée lundi par le ministère de l'Agriculture entre producteurs, industriels et distributeurs n'apportera rien : "Je n'en attends rien", a-t-il assuré.