L'ancien trader de la Société générale Jérôme Kerviel, dont le procès démarre le 8 juin, "nous promet des surprises à l'audience, je lui en promets de belles aussi", a répliqué lundi un avocat de la banque, Me Jean Veil.
La démarche de M. Kerviel, qui publie un livre mercredi chez Flammarion, "est totalement classique", a déclaré Me Veil à l'AFP: "une personne renvoyée devant le tribunal craint d'aller en prison, elle essaie de trouver dans le dossier une responsabilité collective pour attendrir les juges et obtenir une peine de prison avec sursis".
L'ancien trader doit comparaître du 8 au 23 juin devant le tribunal correctionnel de Paris pour y répondre des 4,9 milliards d'euros de pertes qu'il est soupçonné d'avoir provoquées début 2008.
Dans son livre et dans des interviews à plusieurs médias, Jérôme Kerviel réaffirme que la banque était au courant des opérations qu'on lui reproche et le laissait faire dès lors qu'il gagnait de l'argent.
"La police, le procureur et les juges d'instruction ont tous constaté que la responsabilité pénale dans cette affaire était exclusivement du côté de Jérôme Kerviel", a poursuivi Me Veil.
Interrogé sur les contrôles défaillants au sein de la banque, l'avocat a estimé que "cela n'autorise pas à commettre des fraudes". "Ce n'est pas parce que les volets sont mal fermés qu'un voleur est autorisé à rentrer dans votre appartement par la fenêtre", a-t-il déclaré.
Egalement interrogé sur le montant des dommages et intérêts que compte demander la Société générale, partie civile au procès, Me Veil a simplement répondu: "le préjudice subi par la banque est de 4,9 milliards d'euros".
"Je ne fais pas un appel à témoins comme le fait M. Kerviel, mais je pense que les faits sont têtus, que le dossier est extrêmement clair et que Société générale fournira les éléments qui corroborent l'enquête de la police, les réquisitions du parquet et l'ordonnance des deux juges d'instruction", a encore déclaré l'avocat, sans révéler les "surprises" qu'il dit réserver à l'audience.
Hors dossier pénal, la Commission bancaire avait infligé en 2008 une amende de 4 millions d'euros à la Société générale pour les "carences graves du système de contrôle interne" ayant permis la fraude.