Le groupe PSA Peugeot Citroën a ouvert mercredi avec les organisations syndicales un cycle de négociations visant à leur faire partager sa vision stratégique et à renforcer le dialogue social pour redresser l'entreprise et préserver son ancrage en France, face à un marché en berne.
Ce cycle de réunions se déroulera du 6 juin à octobre, à un rythme hebdomadaire, a annoncé Philippe Dorge, directeur des ressources humaines, selon un communiqué publié à l'issue de la première réunion ouvrant ce chantier.
La réunion s'est tenue en présence du président du directoire Philippe Varin qui a défini les objectifs de ce "nouveau contrat social". Il s'agit pour lui de "mieux associer les salariés et leurs représentants à la vision stratégique et aux projets d'avenir de l'entreprise, d'identifier ensemble les leviers qui contribueront au redressement du Groupe et lui permettront de maintenir ses bases fortes en France et de renouveler et enrichir le dialogue social pour anticiper les projets et les transformations du Groupe en cherchant à sécuriser l'emploi et les compétences", indique le communiqué.
"Nous n'entamons pas aujourd'hui la négociation d'un simple accord de compétitivité", a précisé Philippe Dorge. "C'est une stratégie sociale novatrice visant à engager davantage les salariés sur la vision et les projets", a-t-il souligné. A l'issue de ce cycle, "c'est un large consensus que nous souhaitons obtenir autour du contrat social", a-t-il dit.
Les organisations syndicales se sont, dans leur majorité, félicitées de la présence de M. Varin à cette réunion.
Pour Franck Don, élu CFTC, "c'était important qu'il puisse venir". Selon Christian Lafaye, représentant FO, la présence de M. Varin qui a "pris au sérieux" cette réunion s'avère "encourageante" pour les partenaires sociaux tandis que la CFE-CGC a "constaté avec satisfaction" son "engagement fort".
Un dialogue, mais des incontournables
La CFTC a indiqué être prête "au dialogue mais avec des incontournables", à savoir des garanties sur la survie des sites sur le territoire français, les volumes de fabrication, le refus de baisses de salaires, et de suppressions de congés notamment.
"Nous préférons le gagnant gagnant au perdant à coup sûr", estime pour sa part la CFE-CGC dans un communiqué, qui affirme aborder ces négociations "dans un esprit d'ouverture, tout en précisant sa volonté de camper également sur des "incontournables".
Selon FO, il y aura des contreparties pour les salariés en termes de volumes sur les sites et en termes d'investissements. "On pourrait revenir à une situation normale à partir du moment où on ferait meilleure fortune", a indiqué Christian Lafaye.
Les syndicats ont également tous souhaité l'extension aux seniors des mesures qui leur sont faites aujourd'hui dans le cadre du plan de sauvegarde de l'emploi des sites d'Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) et de Rennes.
Le représentant de la CGT, Bruno Lemerle, a jugé, quant à lui, que "derrière les mots de dialogue social renouvelé, M. Varin a fait planer le chantage à l'emploi". "Son leitmotiv, c'est réduire les coûts en France", a-t-il dit. Pour la CGT, "la qualité du travail passe par des salariés formés, avec des emplois stables, une bonne rémunération, une qualité de vie qui va à l'inverse des notions de flexibilité ou de mobilité imposées".
Cette nouvelle négociation intervient alors que PSA Peugeot Citroën vient de boucler un vaste plan de restructuration qui, entre mai 2012 et mai 2014, verra la suppression de plus de 11.200 emplois dans le groupe, notamment avec la fermeture de l'usine d'Aulnay-sous-Bois. Le groupe cherche maintenant à anticiper une baisse importante du marché.
Il a annoncé des ventes en baisse de 6,5% au premier trimestre 2013 et craint que le marché européen puisse "être plus difficile qu'attendu" en 2014. Le constructeur paie sa dépendance à l'Europe où il réalise 57% de ses ventes et où ses immatriculations ont baissé de 17%.