Les nuages s'amoncellent au-dessus de l'économie italienne: plombée par l'austérité, elle s'est enfoncée plus que prévu dans la récession au premier trimestre tandis que ses banques ont été sévèrement sanctionnées par l'agence de notation Moody's.
Sur les trois premiers mois de l'année, le Produit intérieur brut (PIB) de la troisième économie de la zone euro s'est de nouveau contracté de 0,8% par rapport au trimestre précédent, selon une première estimation publiée mardi par l'institut de statistiques Istat.
Une contraction plus forte que celle de 0,6% attendue par les économistes, selon un consensus établi par Dow Jones Newswires. En comparaison, l'Allemagne a enregistré une croissance de 0,5% tandis que l'économie française est restée au point mort au premier trimestre.
Plombée par la crise de la dette et des plans d'austérité adoptés à la chaîne depuis 2010 pour rassurer les marchés, l'Italie est entrée officiellement en récession au quatrième trimestre 2011.
"Le facteur déterminant en Italie est l'austérité qui pèse sur la consommation et sur l'investissement", estime Chiara Corsa, économiste de la banque UniCredit.
"Les Italiens prennent leurs précautions et épargnent alors que le plus gros des augmentations d'impôts doit encore arriver" notamment avec la réintroduction de la taxe sur la résidence principale, abonde Fabio Fois de Barclays Capital.
L'Istat ne donne pas de détails sur les composantes du PIB mais selon les dernières statistiques publiées, l'industrie, pilier de l'économie italienne, paie le prix fort avec un repli de 2,1% de sa production au premier trimestre.
Ce sombre tableau va probablement durer, le chômage ayant atteint un record à 9,8% en mars et la confiance des entreprises étant au plus bas. Le PIB devrait donc encore se contracter au deuxième trimestre avant une éventuelle stabilisation au troisième, prédit Chiara Corsa.
Le gouvernement de Mario Monti, arrivé au pouvoir mi-novembre pour tenter de sortir le pays de la crise, table sur une contraction du PIB de 1,2% cette année avant une légère reprise en 2013 avec une croissance de 0,5%.
Mais Bruxelles et le FMI sont plus pessimistes et prévoient respectivement une contraction de 1,4% et de 1,9% cette année.
Alors que son pays est aux prises avec une récession profonde, M. Monti entend jouer un rôle de premier plan dans le débat européen sur la croissance en faisant office de médiateur entre les demandes de relance du nouveau président français François Hollande et les engagements de rigueur chers à Berlin.
Rome pousse notamment pour que les investissements publics stratégiques ne soient pas comptabilisés dans le calcul du déficit.
Outre l'annonce d'une aggravation de la récession, l'Italie s'est vue infliger un autre coup de massue par l'agence Moody's qui a dégradé lundi soir la note de vingt-six banques du pays, dont les deux plus grandes, UniCredit et Intesa Sanpaolo.
Une décision qui pourrait alimenter la spirale négative en provoquant un renchérissement des coûts de financement des banques qui, en retour, risquent de limiter leurs prêts aux entreprises et aux ménages.
Consciente de ce risque, l'association des banques italiennes (ABI) a immédiatement tapé du poing sur la table en dénonçant "une agression contre l'Italie, ses entreprises, ses familles et ses citoyens".
Dans ce contexte, le quotidien économique Il Sole 24 Ore a tiré mardi la sonnette d'alarme: "l'Italie n'est pas hors de danger" et "reste un des pays les plus exposés, il vaut mieux ne pas l'oublier".