Les Bourses européennes ont clôturé en baisse mardi sans pour autant céder à la panique, après l'échec de la tentative de la dernière chance pour former un gouvernement de coalition et l'annonce de nouvelles élections en Grèce.
"Cet échec ne constitue certes pas une surprise, mais assurément un risque de plus vers une éventuelle sortie de la Grèce de la zone euro", estime Alexandre Baradez, analyste chez Saxo Banque.
Après un début de matinée dans le vert, la plupart des places financières européennes ont terminé dans le rouge: Paris a perdu 0,61%, Londres 0,51%, Francfort 0,79% et Madrid 1,60%. En Italie, où l'agence de notation Moody's a jeté un froid lundi soir en dégradant la note des grandes banques du pays, la Bourse a chuté de 2,56%.
L'euro plongeait, tombant sous le seuil de 1,28 dollar pour la première fois depuis quatre mois, pour s'échanger à 1,2767 dollar vers 16H45 GMT, contre 1,2830 dollar la veille au soir.
A Athènes, une réunion cruciale des chefs de cinq des sept partis élus lors du scrutin du 6 mai s'est conclue mardi sans qu'un accord n'ait été trouvé sur une coalition gouvernementale.
Le dirigeant socialiste Evangélos Vénizélos a annoncé que la Grèce devrait "hélas" retourner à des élections législatives, en principe dans un mois. Ce nouveau scrutin risque de renforcer les opposants à la politique d'austérité, déjà sortis vainqueurs des élections début mai, et fait peser des risques le maintien du pays dans la zone euro.
La Grèce a confirmé la gravité de la récession dans laquelle elle s'enfonce, avec un PIB qui a chuté de 6,2% au premier trimestre.
Le pays a dû aussi payer plus cher pour lever 1,3 milliard d'euros en bons du Trésor à trois mois, consentant un taux de 4,34%, au lieu de 4,20% le 17 avril.
Signe des tensions, la directrice générale du Fonds monétaire international Christine Lagarde a évoqué la possibilité d'une "sortie ordonnée" de la Grèce de la zone euro, dans un entretien accordé à la chaîne de télévision France 24.
Les marchés se montraient aussi prudents peu avant le début de la première rencontre programmée pour la soirée entre le nouveau président français François Hollande, fraîchement investi, et la chancelière allemande Angela Merkel.
Les analystes redoutent des divergences au sein du couple franco-allemand, moteur de l'Union européenne, M. Hollande ayant appelé à des mesures en faveur de la croissance tandis que Mme Merkel insiste sur la stricte maîtrise des déficits publics.
Dans ce contexte, "les investisseurs resteront à l'affût de la moindre parole ou geste susceptible d'illustrer les nouvelles relations qui vont se nouer au sein du couple franco-allemand", a estimé Chris Weston d'IG Markets.