Renault va donner une nouvelle vie à la mythique marque de voitures sportives Alpine grâce à un partenariat avec le britannique Caterham et les futurs véhicules seront fabriqués dans l'usine de Dieppe, en Seine-Maritime.
Les constructeurs automobiles français et britannique vont s'associer dans une coentreprise qui devrait voir le jour dès janvier 2013. Pour ce faire, Caterham prendra 50% de la société des Automobiles Alpine Renault, actuellement contrôlée à 100% par Renault.
"Chacune de nos sociétés aura pour objectif de lancer son propre véhicule sur le marché d'ici quatre ans", a précisé le PDG de Renault, Carlos Ghosn, lors d'une conférence de presse commune avec le président de Caterham, Tony Fernandes.
Côté Renault, les futurs véhicules sportifs reprendront l'ADN de l'Alpine.
Les berlinettes Alpine-Renault ont dominé les rallyes jusqu'aux années 70, puis la marque fondée par Jean Rédélé a été mise en sommeil. L'usine historique de Dieppe, qui emploie plus de 300 personnes, assemble actuellement des versions sportives, portant la griffe RS (pour Renault Sport), des modèles Mégane et Clio.
Pour sa part Caterham, qui coopère déjà avec Renault Sport F1, fabrique des voitures de sport ultra-légères dans son usine de Dartford, dans le Kent (sud-est).
Plusieurs milliers de voitures par an
Les nouveaux modèles seront produits à Dieppe. "Voilà un acte de confiance (...) envers le territoire français", s'est félicité le ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg, aussi présent.
Renault et Caterham sont restés évasifs en terme d'investissements, qui seront partagés à parts égales, d'emplois et de volumes de production.
"Il est trop tôt pour parler de volumes et de prix", a assuré M. Fernandes, pour qui l'idée n'est pas de s'aligner sur Ferrari.
Le numéro deux de Renault, Carlos Tavares, avait évoqué par le passé un tarif tournant autour de 35-40.000 euros.
Bernard Ollivier, qui dirigera la future coentreprise, a expliqué que "ce projet assurera la pérennisation des emplois" à Dieppe. "Il devrait y avoir de quoi déployer l'emploi dans l'usine mais aussi sans aucun doute dans la région", a-t-il encore assuré, en évoquant une production de "plusieurs milliers de voitures par an".
La CGT parle de 6.000 véhicules par an, soit plus que les 2.000 produits aujourd'hui, mais ça ne suffira pas à remplir l'usine dont la capacité de production est de 36.000, s'inquiète le syndicat. "Ce projet présente aujourd'hui une lueur d'espoir pour les salariés mais ne garantit pas la pérennité sur le long terme".
Le secteur des voitures sportives est un marché de niche mais "porteur", selon M. Ghosn, qui le chiffre à 600.000 par an.
"C'est l'un de ceux qui peuvent encore progresser avec une estimation de l'ordre de 15% d'ici à 2015 sur le continent européen", a-t-il ajouté.
De fait, Renault vise en premier lieu les marchés d'Europe où le souvenir de l'Alpine est encore bien présent: "la France, l'Italie, la Grande-Bretagne, l'Allemagne où il existe des clubs Alpine" actifs, regroupant des passionnés de la marque, a précisé M. Ollivier en marge de la conférence de presse.
Un bureau d'études d'une quarantaine de personnes venant de chez Renault et de chez Caterham sera chargé de développer les deux véhicules, dont il a assuré qu'ils seront bien différents.
L'usine de Dieppe assemble actuellement des modèles dérivés de la grande série avec des pièces venant d'ailleurs mais dans le cas de la nouvelle Alpine, "la voiture y sera fabriquée de A à Z", a encore précisé M. Ollivier.