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Réunion sous pression lundi chez Total sur la raffinerie de Dunkerque

Publié le 07/03/2010 19:55

Total pourrait annoncer lundi en comité central d'entreprise la construction avec EDF d'un terminal méthanier à Dunkerque (Nord) pour compenser la fermeture de sa raffinerie des Flandres, un projet jugé "insuffisant" par les syndicats, qui menacent d'une nouvelle grève.

Le projet de terminal méthanier dans le port accueillant des navires transportant du gaz naturel liquéfié (GNL) - dont les importations devraient augmenter dans les années à venir - sera porté par EDF, mais Total s'associera à hauteur de 10%, sur un investissement d'un milliard d'euros, a avancé vendredi le quotidien Le Télégramme.

La CGT et Sud jugent bien maigre cette compensation à la fermeture de la raffinerie qui devrait être confirmée lundi. Le terminal pourrait créer 50 à 90 emplois directs et 100 indirects alors que la raffinerie en compte respectivement 370 et plus de 400.

"S'ils veulent éviter la guerre, ils n'ont pas intérêt à nous annoncer ça", tempête Philippe Wullens (Sud).

La CFDT, plus modérée, a souligné le bénéfice pour la région de Dunkerque en terme d'aménagement du territoire, mais a estimé que le projet n'était "pas énorme".

Pour sa part, le député-maire de Dunkerque Michel Delebarre (PS) a accusé le gouvernement et Total de "tromper" la population avec ce projet préparé depuis deux ans.

Une intersyndicale CGT-Sud-FO de la raffinerie ainsi que la CGT de Total et Solidaires (dont syndicats Sud) ont appelé à une manifestation à La Défense à 12H00, peu après le début du CCE où Total dévoilera ses intentions.

La réunion, initialement prévue le 29 mars après les élections régionales, a été avancée à lundi sous la pression conjuguée fin février des salariés et du gouvernement.

L'intersyndicale a lancé dimanche un appel à former un comité de soutien national, qui a reçu plusieurs centaines de signatures, dont celles de Carême Damien, maire PS de Grande-Synthe, Jean-François Caron, maire (Europe écologie) de Loos-en-Gohelle, ou Michelle Demessine, sénatrice PCF du Nord.

Le conflit Total est devenu "emblématique du combat contre le chômage et les licenciements", affirme le texte.

Les employés de Dunkerque, dont l'activité est en arrêt provisoire depuis septembre, sont en grève depuis près de deux mois, et occupent les locaux administratifs du site depuis le 16 février.

En soutien, les salariés de l'ensemble de la branche raffinage, inquiets d'un possible "désengagement" du groupe pétrolier de l'activité en France, étaient entrés le lendemain en grève durant une semaine.

"Si nous faisons le constat que les engagements pris par Total et le gouvernement pendant le mouvement ne sont pas respectés, alors la grève redémarrera", a prévenu Charles Foulard (CGT).

Total, confronté à des surcapacités face à une consommation de carburants en baisse, a promis "la pérennité de l'établissement des Flandres" au sein du groupe, mais pas nécessairement avec une activité de raffinage, et a garanti un reclassement interne à chaque salarié.

A l'occasion du précédent CCE le 1er février, le groupe s'était engagé en cas de fermeture à créer sur le site un centre d'assistance technique et une école de formation qui emploieraient deux tiers des salariés.

En outre, Total a certifié qu'il "n'y aura ni fermeture, ni cession" de ses cinq autres raffineries françaises "au cours des cinq prochaines années". Une table-ronde sur l'avenir du raffinage français est prévue le 15 avril sous l'égide du gouvernement.

A six jours du premier tour des régionales, celui-ci sera également attentif lundi aux décisions, alors que la grève récente a menacé les approvisionnements des stations-services. Le ministre de l'Industrie Christian Estrosi a averti que la raffinerie de Dunkerque devrait rouvrir s'il n'y avait pas "un vrai projet de substitution".

L'intervention des pouvoirs publics est allée dans ce dossier jusqu'à la convocation à l'Elysée du président du conseil d'administration de Total, Thierry Desmarest, et du directeur général, Christophe de Margerie.

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