La facture énergétique de la France a battu son record en atteignant 61,4 milliards d'euros l'an passé, près de quatre fois plus qu'il y a vingt ans, une responsabilité qui incombe à plus de 80% au pétrole, selon un rapport publié jeudi.
"A elle seule, la facture énergétique représente 88% du déficit commercial de la France", souligne le Commissariat général au Développement durable, une division du ministère de l'Ecologie, dans son "Bilan énergétique de la France pour 2011".
Par rapport à 2010, l'addition gonfle ainsi de près d'un tiers, salée par les prix des carburants fossiles, qui affichent en moyenne +40% sur un an pour le pétrole, +39% pour le gaz et +33% pour le charbon.
Le précédent record remontait à 2008, année de pics pétroliers, avec 58,1 milliards d'euros (59,2 milliards en euros constants). Même en euros de 2011, la facture reste au-delà des sommets du début des années 80 consécutifs aux chocs pétroliers de 1973 et 1979.
Le fardeau énergétique de la France atteint désormais 3,1% du PIB en 2011, là encore au-delà des 3% de 2008. Du fait de la croissance économique, ce niveau reste cependant inférieur à ses sommets du début des années 80, où il était juste sous les 5%.
Au point que la France doit désormais exporter pendant 56 jours pour régler l'équivalent de la facture énergétique.
Responsable: le pétrole, qui a représenté 82% de la facture énergétique l'an passé, devant le gaz (19%), les exportations d'électricité permettant d'alléger un peu la note (-4%).
- Records -
La Russie était toujours l'an dernier le premier fournisseur de la France en pétrole brut avec 14,8%. Le Kazakhstan (12,8%) et l'Arabie Saoudite (10,4%) ont ravi la 2e et la 3e place à la Libye et à la Norvège, sur le podium en 2010. La Norvège rétrograde en 4e position, devant l'Azerbaïdjan et l'Algérie.
Elément notable, la facture pétrolière bat des records alors que la quantité, elle, a plongé: en 1973, la France importait 134,9 millions de tonnes d'or noir. En 2000, les importations étaient encore de 85,6 millions de tonnes. En 2011, on est tombé à 64,4 millions.
Le Moyen-Orient, d'où provenait 71,4% du pétrole consommé en France en 1973, ne représente plus que 18,9%. La principale région d'approvisionnement pour la France vient des pays de l'ex-URSS (36,3%), devant l'Afrique (29,2%) et la mer du Nord (14,1%).
Pour le gaz, la Norvège reste de loin le premier fournisseur (32,1%) de la France, devant les Pays-Bas (16,2%), la Russie (12,7%), l'Algérie (11%) et le Qatar (5,4%).
Côté électricité, dont la France et ses 58 réacteurs nucléaires sont traditionnellement surproducteurs, les exportations ont nettement augmenté (+31%), tandis que les importations ont chuté (-51%) par rapport au niveau élevé de 2010.
Quelque 12,3% de l'électricité française (à 78,7% nucléaire, 9,8% thermique, 9% hydraulique, 2,2% éolien et 0,4% solaire) a été exportée l'an dernier.
Le paysage de la consommation d'énergie en France reste largement inchangé: 43,8% d'électricité "primaire" (non thermique), 31% de pétrole, 15% de gaz, 6,4% d'énergies renouvelables thermiques et déchets, 3,7% du charbon.