Après plusieurs années de croissance spectaculaire, le marché automobile russe, le deuxième en Europe après l'Allemagne, a subi un brusque repli l'an dernier et les constructeurs restent prudents face à tout espoir de reprise en 2014.
Les ventes de véhicules neufs, légers et utilitaires, ont reculé en 2013 de 5,5% à 2,78 millions d'unités, selon les chiffres publiés mercredi par l'Association of European Businesses, qui font référence.
Ces résultats contrastent très nettement avec ceux de 2012, quand les ventes avaient bondi de 11%, atteignant un niveau record à 2,9 millions d'unités et attisant les convoitises des constructeurs occidentaux en mal de croissance.
Entre-temps, l'économie russe a subi un brusque coup de frein, rendant les ménages réticents à effectuer de grosses dépenses. Le gouvernement estime que le pays est entré dans une période de "stagnation" avec une croissance insuffisante au vu des besoins de modernisation.
La Russie n'est pas le seul pays émergent à subir un contre-coup, le Brésil ayant vu ses ventes automobiles baisser de 0,9% après un record en 2012.
Lors d'une conférence de presse, le président du comité automobile de l'AEB, Joerg Schreiber a reconnu que l'année n'avait "pas été simple" et que la période de mai à octobre avait été "particulièrement difficile".
"Depuis nous voyons des signes de stabilisation qui se sont transformés en petite hausse à la grande surprise de nos membres", a-t-il ajouté.
Le mois de décembre a été marqué par un rebond de 4% par rapport au même mois un an plus tôt, à 264.000 véhicules, le marché renouant avec la croissance pour la première fois depuis février.
Renault, première marque étrangère
Pour 2014, les constructeurs membres de l'AEB sont divisés sur l'évolution du marché, prévoyant en moyenne une baisse de 1,6% à 2,73 millions de véhicules.
"A l'intérieur de la Russie, on voit peu de catalyseurs de croissance, (...) mais aussi pas de raison de dégradation", a estimé M. Schreiber. "Je ne veux pas mentir, on ne sait pas", a-t-il cependant jugé.
Parmi les constructeurs, le numéro un, Avtovaz, en cours d'absorption par Renault-Nissan, a subi de plein fouet le repli du marché et a vu les ventes de ses Lada chuter de 15% à 456.309 unités en 2013.
En revanche, Renault s'est nettement distingué avec une progression de 11% qui lui a permis de devenir la première marque étrangère, ravissant ce titre à l'américain Chevrolet (-15%).
Pour Bruno Ancelin, le directeur du constructeur français pour la Russie, la marque au losange a bénéficié de la flexibilité de son usine moscovite, qui a produit plus de véhicules économiques (Logan, Sandero) et du succès de son tout-terrain Duster.
Sur le long terme, la Russie reste "un pays de croissance", a-t-il assuré à l'AFP. "L’économie russe ne va pas si mal que ça, les gens ont du pouvoir d'achat, le taux de motorisation n’est pas encore très élevé".
Renault devance Kia (+6%) et Hyundai (+4%), tandis que son allié Nissan (-5%) et les autres constructeurs français Peugeot (-24%) et Citroën (-12%) ont connu une année plus difficile.
Haut de gamme en forte croissance
Les marques haut de gamme sont restées prisées avec de fortes croissances pour Mercedes-Benz (+19%), BMW (+12%), Audi (+8%).
2014 s'annonce d'autant plus incertaine que le ralentissement économique commence à se répercuter de manière nette sur le chômage et la consommation et que le gouvernement rechigner à continuer à soutenir le secteur.
En 2013, il a mis en place des mesures de soutien en prenant en charge une partie des taux d'intérêt pour les crédits accordés pour l'achat de véhicules de moins de 750.000 roubles (16.500 euros). Mais la mesure a pris fin en décembre, dopant les ventes en fin d'année, selon l'AEB.
Le vice-Premier ministre Arkadi Dvorkovitch a indiqué cette semaine que le programme avait concerné 260.000 crédits, soit 9% de la totalité des ventes et à 80% des véhicules produits en Russie. Il a assuré que cette mesure pourrait être renouvelée en fonction des ventes au premier trimestre.